Actualité le 29.11.2012 à 10h50
Le 27 novembre, entre 6 000 et 7 000 manifestants défilaient dans les rues de Siliana, à 120km au sud-ouest de Tunis, lorsqu’un jet de pierre a visé des policiers. Ces derniers ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc.
Les manifestants et les policiers se sont ensuite pourchassés dans les rues de la ville et un poste de la garde nationale a été partiellement saccagé. « Les forces de l’ordre ont réagi de manière brutale, on n’avait pas vu ça même sous l’ère [du président déchu Zine El Abidine] Ben Ali », a déclaré Nejib Sebti, secrétaire général de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), principal syndicat du pays, à Siliana. Les habitants ont aussi observé une grève générale qui, selon l’UGTT, a été très suivie.
Les manifestants réclament la libération de 14 personnes détenues lors de violences en avril 2011 et qui sont en grève de la faim depuis 11 jours, le limogeage du gouverneur régional ainsi que des moyens accrus pour le développement économique de cette région très pauvre, comme la plupart des districts de l’intérieur de la Tunisie.
Plusieurs blindés de la garde nationale – l’équivalent de la gendarmerie – ont été déployés, selon un journaliste de l’AFP. Plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés devant les locaux du gouvernorat (préfecture) de Siliana, réclamant notamment le départ du gouverneur, a indiqué le secrétaire général du bureau régional de la centrale syndicale à Siliana, Néjib Sebti. Selon lui, les forces de l’ordre ont procédé à des tirs de sommation et de gaz lacrymogènes avant de tirer un type de balle « bizarre » pour disperser les manifestants. Des affrontements similaires avaient déjà eu lieu la veille et la police avait utilisé des balles en caoutchouc.
Dans une première réaction mercredi matin, le cabinet du premier ministre s’est dit préoccupé par « les protestations dans les lieux publics du gouvernorat de Siliana ». Il a aussi regretté « l’utilisation de la violence contre les forces de l’ordre, l’agression des sièges de la souveraineté et la tentative d’endommager les biens publics ».
A l’issue de cette deuxième journée d’affrontement, qui a fait plus de 200 blessés selon l’hôpital local, les forces de police tunisiennes se sont retirées de la ville.
L’économie tunisienne peine à se relever depuis la récession qui a suivi la révolution de 2011. Selon des statistiques officielles, les investissements dans la région de Siliana ont baissé de 44,5 % et les création d’emplois de 66 % sur la période janvier-octobre 2012 par rapport à la même époque de l’année précédente. La précarité et le chômage ont été les facteurs clés de la révolte qui a renversé l’ancien président tunisien Ben Ali.