La situation politique en Egypte se fragilise, si les résultats officiels n’ont pas encore été annoncés, la Confrérie publie des pronostics anticipés qui contrarient l’opposition.
Les Frères musulmans ont proclamé lundi, leur candidat Mohamed Mursi gagnant du premier scrutin présidentiel depuis la chute du régime d’Hosni Moubarak. « Dr Mohammed Mursi est le premier président égyptien de la République élu par le peuple, a déclaré la FJP ( le parti Liberté et Justice) dans un tweet annonçant cette victoire anticipée.
Le groupe islamiste annonçait lundi que Mursi avait rassemblé près de 13 230 177 voix, soit 53 % des votes selon la source Al-Arabiya. « C’est un évènement que le peuple égyptien a tant attendu » , a commenté le candidat de la Confrérie.
Mais le camp Shafiq a rapidement contesté la déclaration des Frères Musulmans. « Nous la rejetons totalement », a déclaré Mahmoud Barakeh, un des responsables de campagne de M. Shafiq, aux journalistes.
Baraka, le média officiel de la campagne de Shafiq a accusé la Confrérie de « détournement du résultat des élections ». Les résultats officiels devaient être déposés que le 21 Juin par la Commission électorale mais ont été reportés.
Pendant ce temps, des scènes de joies ont éclatés au QG de Mursi. Le candidat a remercié le peuple lors une brève allocution et a proclamé sa volonté d’être » le Président de tous les Egyptiens » et de ne pas chercher » à se venger ou à régler des comptes ». Il s’est également tourné vers Dieu » qui a guidé le peuple égyptien sur un chemin pour la liberté et la démocratie, en l’unissant pour un avenir meilleur ».
Il s’est engagé à servir à la fois ceux qui ont voté pour lui mais également ce qui ne l’ont pas fait, et a promis de rétablir la justice pour les personnes tuées dans le soulèvement qui a renversé Hosni Moubarak l’an dernier. Plus de 850 personnes ont perdu la vie lors de l’insurrection et des dizaines d’autres ont succombé aux violences depuis.
« Pour tous les martyrs et à leurs familles … Je m’engage à restituer leurs droits par la loi et dans un pays qui respectera la loi », a ajouté Mursi, au siège du Caire.
Yasser Ali , responsable de compagne de Mursi , a adressé un message aux opposants ; « Nous sommes prêts à tendre la main à la campagne de Shafiq pour mettre fin à la course électorale à l’amiable ».
Mais peu de temps avant le résultat final, les généraux ayant dirigé le pays depuis le renversement de Moubarak, ont émis de nouvelles règles. Il apparait clairement que le réel pouvoir demeure entre les mains de l’armée.
« Nous allons nous asseoir avec le conseil militaire pour examiner les amendements constitutionnels que nous refusons et irons à la place Tahrir, mardi prochain pour les protester », dit Ali.
Il précise également que Mursi n’accepterait pas de prêter serment devant le parlement dissout par une ordonnance du tribunal la semaine dernière.
L’écriture de la nouvelle constitution sera effectuée par une «commission constitutionnelle représentant tous les segments de la société » qui aura trois mois pour achever ses travaux.
Les Frères musulmans et les mouvements de jeunesse révolutionnaires ont dénoncé la déclaration comme un coup contre l’état et la liberté. Le Parti de la Justice a spécifié qu’il révoquerait toute offre de l’armée pour reprendre le pouvoir législatif.
L’incertitude politique nouvelle fait suite à une course électorale qui a polarisé la nation, divisant ceux qui craignent un retour à l’ancien régime avec Shafiq et ceux qui veulent séparer la religion de la politique.
Le nouveau président va hériter d’une économie en difficulté, d’une détérioration de la sécurité et devra relever le défi d’unir une nation divisée par le soulèvement de 18 jours qui a renversé Moubarak en février 2011.
A retenir :
– L’annonce des résultats reportés
– La Confrérie se revendique porte-parole du peuple
– Le peuple redoute une prise de pouvoir de l’armée
Myriama Mokdahi