Deux hommes armés ont attaqué le siège de l’hebdomadaire français « Charlie Hebdo » vers 11 H 30 ce mercredi matin à Paris, faisant au moins 12 morts. Un attentat qui n’a pu être déjoué malgré l’important dispositif de sécurité déployé devant ce journal sous protection policière depuis la polémique des caricatures de Mahomet en février 2006. Depuis son entrée dans la coalition internationale pour lutter contre l’Etat Islamique, la France se savait d’autant plus menacée.
Aujourd’hui vers 11h30, la rédaction de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, connue pour ses prises de positions anticléricales, a été attaquée par deux hommes armés. Le plan Vigipirate a été activé à son niveau maximal : les sorties scolaires ont été annulées et les lieux de culte ont été mis sous haute surveillance.
Mais comment un attentat d’une telle violence et si minutieusement orchestré (les tueurs savaient que toute la rédaction se réunissait ce jour là, ils avaient repéré les piliers de la rédaction, ils sont actuellement toujours en fuite) a-t-il pu avoir lieu en plein Paris ?
Plusieurs attentats déjoués ces dernières semaines
La France se savait depuis plusieurs semaines sous la menace d’attaques terroristes. « Nous sommes dans un moment extrêmement difficile, plusieurs attentats terroristes avaient été déjoués ces dernières semaines, nous savions que nous étions menacés, comme d’ailleurs d’autres pays dans le monde. » a déclaré François Hollande, qui a pris la parole sur les lieux du drame. Depuis sa participation aux frappes en Irak avec la coalition internationale, la France avait en effet reçu des menaces de représailles de la part de l’Etat Islamique. « Si vous pouvez tuer un incroyant américain ou européen – en particulier les méchants et sales Français – ou un Australien ou un Canadien, ou tout (…) citoyen des pays qui sont entrés dans une coalition contre l’Etat islamique, alors comptez sur Allah et tuez-le de n’importe quelle manière », déclare le lundi 22 septembre, Abou Mohammed Al-Adnani, le porte-parole de l’EI, dans un message publié en plusieurs langues.
Plusieurs attentats terroristes ont d’ores et déjà ciblé la France ou des ressortissants français ces dernières années et ces derniers mois. En mars 2012, le terroriste franco-algérien Mohammed Merah tue sept personnes, dont trois militaires et trois enfants devant une école juive. En septembre 2014, le touriste français Hervé Gourdel est enlevé Kabylie est décapité par le groupe terroriste algérien Jund al-Khilafa, qui avait revendiqué son rattachement à l’Etat Islamique quelques jours avant. Plus récemment encore, le 11 décembre, un attentat suicide cible l’Institut français de Kaboul en Afghanistan.
Charlie Hebdo, sous protection policière depuis de nombreuses années
Les attentats contre la rédaction de Charlie Hebdo sont d’autant plus inquiétants que la rédaction de l’hebdomadaire était sous protection policière depuis de nombreuses années. Le journal français Le Point recense « 8 ans de caricatures et de menaces ». Après la reproduction en 2006 de caricatures du prophète Mahomet publiées par le journal danois Jyllands-Posten, plusieurs membres de la rédaction du journal reçoivent des menaces de mort. Les locaux de Charlie Hebdo sont aussi incendiés en 2011, suite à la publication de la Une « Charia Hebdo, Mahomet rédacteur en chef » en réaction à l’arrivée au pouvoir en Tunisie du parti islamiste Ennahda.
Les failles de la lutte antiterroriste en France
La question est sur toutes les lèvres : comment un pays tel que la France, avec un dispositif antiterroriste en alerte, peut-il être touché par une attaque d’une telle ampleur ?
Le pays avait pourtant déjà connu des ratés dans sa lutte antiterroriste ces derniers mois. Déjà lors de l’affaire Mohammed Merah, plusieurs hommes politiques s’étaient interrogés sur les failles dans le suivi d’un homme potentiellement dangereux, fichés par les services du renseignement après ses voyages en Afghanistan et au Pakistan et dont le frère était connu de la police comme salafiste.
Le retour « raté » en France de trois djihadistes présumés en septembre dernier a lui aussi défrayé la chronique. L’opération, qui devait illustrer la réactivité des services français face au danger terroriste, a tourné au fiasco : les trois hommes qui rentraient de Turquie ont atterris à l’aéroport de Marseille sans être inquiétés.