La France a-t-elle un problème avec l’islam et les musulmans ? C’est la question qu’a posée mardi le magazine « 28 minutes », diffusé sur la chaine franco-allemande Arte. Le débat a violemment opposé Edwy Plenel, journaliste et directeur de la rédaction de Mediapart, et Alain Finkielkraut, philosophe et académicien.
Les positions respectives des deux hommes sont en touts points opposées, le débat a donc été houleux. Alors qu’Edwy Plenel accuse Alain Finkielkraut d’être une « aubaine pour le Front National » et de banaliser l’islamophobie, Alain Finkielkraut dénonce de manière véhémente l’expansion du salafisme en Europe et l’antisémitisme de nombreux musulmans de France.
Plenel condamne un phénomène de « bouc émissaire », comparable à celui qu’on vécu les juifs de France pendant des décennies. Il rappelle que « derrière la religion, il y a une humanité concrète », et affirme donc que le débat sur l’Islam de France créé une « violence symbolique immense » et met la France en guerre contre elle-même. Le journaliste dénonce de plus une « injonction à l’effacement, à la disparition », et revendique la possibilité pour les musulmans de France d’être musulmans et Français, l’un en même temps que l’autre.
À l’inverse, Finkielkraut rejette la comparaison entre musulmans d’aujourd’hui et juifs d’hier, rappelant que le présent est, par définition, « ce qui ne s’est jamais présenté jusque là ». Selon lui, la situation comporte beaucoup de composantes nouvelles, dont l’expansion du salafisme et l’affirmation de l’antisémitisme au sein de la communauté musulmane – « tous les musulmans ne sont pas antisémites, mais la majorité des antisémites sont musulmans », affirme-t-il sans donner de chiffres. L’académicien plaide donc pour une intégration plus totale des musulmans de France, c’est-à-dire pour l’assimilation d’une culture conçue comme un don et non comme un carcan.