La majeur partie des quotidiens et sites internet européens consacrent leur Une à la large victoire des partis de l’extrême droite aux élection européennes de dimanche. Un « séisme » politique vient de frapper le Vieux continent, s’inquiète la presse européenne.
Son sourire est partout en Une de la presse continentale. Radieuse, Marine Le Pen, chef de file du Front national (FN) apparaît en conquérante sur la première pages des journaux européens. Dimanche, la fille de Jean-Marie Le Pen a offert une victoire historique au parti d’extrême droite français, vieux d’une trentaine d’années. Pour la première fois de son histoire le FN arrive premier d’une élection nationale. Une victoire « indubitable », qualifie le quotidien français de référence Le Monde, qui détaille : le FN « arrive en tête dans 71 départements » de France et « multiplie par pratiquement quatre son score de 2009 ». Et le quotidien hispanique El Mundo de résumer : « l’extrême droite balaye tout en France ».
La percée du FN est vécue comme une sévère gifle par la presse européenne, qui file la métaphore des catastrophes naturelles. Le triomphe du parti de Marine Le Pen est un « tremblement de terre » pour le quotidien italien La Republica, une « avalanche en France » pour son concurrent le Corriere Della Serra, « un séisme » pour l’agence de presse britannique BBC.
De son côté le journal Le Monde parle de « séisme présidentiel ». Le quotidien français le plus réputé de la planète analyse les conséquences de ce résultat pour la prochaine échéance électorale en France : l’élection présidentielle de 2017. Pour l’éditorialiste du Monde, la victoire du FN dimanche est un sérieux avertissement pour 2017 :
Cette fois, ils ne peuvent plus dire qu’ils ne savaient pas, qu’ils n’avaient rien vu, qu’ils ont été pris par surprise. La réplique du 21 avril 2002 qui s’est produite enFrance ce dimanche 25 mai 2014 était largement anticipée par les sondeurs. […]
Contrairement à son père, Marine Le Pen veut conquérir l’Elysée. En outre, le vote Front national est de moins en moins honteux : interrogés à la veille du scrutin, 42 % des Français affirmaient qu’il ne serait pas déçus si le FN arrivait en tête, selon une enquête IFOP.
Mais comment en est-on en arrivé là ? L’éditorialiste du Monde explique la victoire historique de l’extrême droite en France comme la conséquence d’une « triple crise : européenne, économique et psychologique ». Elle écrit :
Après cinq années de croissance zéro et de montée du chômage, la victoire de Marine le Pen est d’abord la défaite d’une Europe en crise qui n’a pas su protéger.
Le sentiment de déclassement conjugué à la peur panique de se diluer alimentent un déclinisme qui favorise la valorisation du passé et le repli sur ce soi.
La France n’est le seul pays européen touché par ce « raz-de-marée » frontiste. « L’extrême droite ne progresse pas qu’en France. A travers toute l’Europe, les mouvements populistes ont le vent en poupe. […] La victoire du Front national en France y symbolise la victoire des populismes partout sur le continent », peut-on lire sur l’hebdomadaire français L’Express. Le magazine allemand Der Siepgel note ainsi que la droite xénophobe progresse en Autriche et en Grèce notament et s’inquiète d’un « virage à droite » de l’Europe.