Hakim Ziyech : La Voix du Peuple Marocain Contre la Normalisation avec Israël

Redaction

Hakim Ziyech : La Voix du Peuple Marocain Contre la Normalisation avec Israël

Maroc Foot: Le football, bien plus qu’un simple sport, est souvent un miroir des réalités sociales et politiques. Lorsque Hakim Ziyech, star montante du football marocain, exprime son indignation face à la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, il ne s’agit pas seulement de l’opinion d’un joueur, mais d’un reflet de l’opinion publique marocaine. En dénonçant publiquement cette normalisation, Ziyech incarne le mécontentement d’une grande partie de la population marocaine, exacerbée par la conjoncture socio-économique difficile que traverse le pays. Cet article explore les implications de la prise de position de Ziyech, les raisons de son rejet de la normalisation, et ce que cela signifie pour le Maroc et le monde arabe.

La Normalisation avec Israël : Un Accord Controversé

Un Accord Sous l’Égide des États-Unis

En décembre 2020, sous l’égide de l’ancien président américain Donald Trump, le Maroc a rejoint la liste des pays arabes ayant normalisé leurs relations avec Israël. En échange de cette normalisation, les États-Unis ont reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, un territoire contesté depuis des décennies. Cette reconnaissance américaine était perçue par Rabat comme une victoire diplomatique majeure, consolidant sa position sur la scène internationale.

Cependant, cet accord a suscité une vive opposition au sein de la population marocaine. Pour beaucoup, le soutien à la cause palestinienne est non seulement une question de solidarité avec un peuple frère, mais aussi un pilier de l’identité nationale et religieuse. La normalisation avec Israël a donc été perçue comme une trahison de ces valeurs fondamentales, exacerbée par le contexte de l’agression israélienne contre Gaza en octobre 2023.

Une Opposition Populaire Croissante

Depuis l’annonce de la normalisation, les manifestations de rejet se sont multipliées dans tout le Maroc. Des milliers de Marocains sont descendus dans les rues pour exprimer leur désaccord avec la politique du roi Mohammed VI, malgré la répression policière. Ces manifestations, souvent réprimées, montrent le fossé grandissant entre le gouvernement marocain et son peuple sur cette question cruciale.

Le rejet de la normalisation n’est pas seulement une question de politique étrangère ; il est aussi lié aux conditions économiques et sociales difficiles que vivent de nombreux Marocains. Le sentiment d’injustice sociale, couplé à la perception d’un gouvernement déconnecté des réalités quotidiennes, alimente la colère et le mécontentement. L’acquisition d’armes et de technologies militaires israéliennes par le Maroc, à un moment où le pays traverse une grave crise économique, n’a fait qu’intensifier ce ressentiment.

Hakim Ziyech : Une Voix de la Résistance

Une Prise de Position Courageuse

Hakim Ziyech, joueur de football reconnu internationalement, a récemment fait la une des journaux pour une raison bien éloignée de ses performances sportives. Sur son compte Instagram, suivi par des millions de personnes, Ziyech a clairement exprimé son rejet de la normalisation avec Israël et sa solidarité avec le peuple palestinien. Dans des termes crus, il a dénoncé non seulement Israël, mais aussi les gouvernements qui soutiennent ce qu’il a qualifié de « génocide ».

L’impact de cette déclaration ne peut être sous-estimé. Ziyech est l’une des figures les plus populaires du Maroc, et son influence dépasse largement le cadre du football. En prenant une position aussi ferme, il risque de s’aliéner certaines parties de l’élite marocaine, tout en renforçant son lien avec la rue marocaine. Son message résonne particulièrement auprès des jeunes, qui voient en lui un modèle non seulement sur le terrain, mais aussi en dehors.

Un Représentant de la Jeunesse Marocaine

La déclaration de Ziyech est d’autant plus significative qu’elle reflète les sentiments de la jeunesse marocaine, une génération souvent en décalage avec les décisions prises par le gouvernement. Les jeunes Marocains, confrontés à un taux de chômage élevé et à des perspectives économiques limitées, sont particulièrement sensibles aux questions de justice sociale et de droits de l’homme.

Pour eux, la normalisation avec Israël n’est pas seulement un acte politique, mais une atteinte à des principes éthiques fondamentaux. Le soutien à la Palestine est profondément ancré dans l’identité collective de nombreux jeunes Marocains, et voir leur pays se rapprocher d’Israël est vécu comme une trahison. En s’exprimant comme il l’a fait, Ziyech donne une voix à cette génération, tout en risquant sa carrière et son image publique.

Les Conséquences de la Normalisation pour le Maroc

Une Coopération Militaire et Technologique Controversée

Depuis la normalisation, le Maroc et Israël ont renforcé leur coopération dans plusieurs domaines, notamment militaire. En novembre 2021, un protocole de coopération militaire et sécuritaire a été signé entre les deux pays, une première pour Israël avec un État arabe. Ce partenariat a conduit à des annonces d’acquisitions d’armes et de technologies de pointe, dont l’ouverture d’usines de drones sur le sol marocain.

Pour le gouvernement marocain, cette coopération est présentée comme un atout stratégique, visant à renforcer les capacités de défense du pays, en particulier face à l’Algérie, avec qui les relations sont tendues. Cependant, pour une grande partie de la population, ces dépenses militaires sont perçues comme injustifiées, surtout dans un contexte de crise économique et sociale. Les jeunes, en particulier, ressentent durement les effets du chômage et de l’inflation, et voient dans ces dépenses un détournement des ressources qui pourraient être utilisées pour améliorer leur situation.

Un Enjeu Politique et Diplomatique

La normalisation avec Israël a également des implications politiques et diplomatiques pour le Maroc. Sur la scène internationale, Rabat espérait que cet accord renforcerait son statut et lui apporterait un soutien plus large dans le conflit du Sahara occidental. Toutefois, les critiques internes et la réprobation de nombreux pays arabes et africains risquent de compliquer cette stratégie.

En outre, le Maroc doit désormais naviguer dans un environnement diplomatique complexe, où son rapprochement avec Israël pourrait aliéner certains de ses alliés traditionnels. Les tensions avec l’Algérie, exacerbées par cette normalisation, pourraient également s’intensifier, entraînant une escalade des hostilités entre les deux pays. Cette situation met le gouvernement marocain dans une position délicate, où il doit équilibrer ses ambitions diplomatiques avec les attentes de sa population.

Le Rejet de la Normalisation : Une Réaction Enracinée dans l’Histoire

Un Soutien de Longue Date à la Cause Palestinienne

Le rejet de la normalisation par les Marocains trouve ses racines dans une histoire longue et complexe de solidarité avec le peuple palestinien. Depuis des décennies, le Maroc, comme de nombreux pays arabes, a soutenu la cause palestinienne, tant sur le plan politique que populaire. Le roi Mohammed VI lui-même, en tant que président du Comité Al Qods, a longtemps été perçu comme un défenseur des droits des Palestiniens.

Cependant, la normalisation des relations avec Israël a créé un fossé entre les déclarations officielles et les actions concrètes du gouvernement marocain. Pour beaucoup de Marocains, ce rapprochement est en contradiction avec les principes de justice et de solidarité qui ont toujours guidé la politique étrangère du pays. Cette dissonance entre le discours officiel et la réalité perçue alimente le mécontentement populaire et renforce le sentiment de trahison.

Une Réponse à la Crise Sociale et Économique

Le rejet de la normalisation est également indissociable des conditions économiques et sociales difficiles que traverse le Maroc. Le taux de chômage élevé, en particulier chez les jeunes, l’inflation galopante, et la précarité croissante sont autant de facteurs qui alimentent la frustration et la colère contre le gouvernement. Dans ce contexte, la normalisation avec Israël est perçue non seulement comme une trahison des principes, mais aussi comme un détournement des priorités du pays.

Les manifestations de rejet ne sont donc pas seulement une expression de solidarité avec la Palestine, mais aussi une protestation contre un gouvernement jugé incapable de répondre aux besoins de sa population. La normalisation devient ainsi un symbole de l’écart croissant entre les élites au pouvoir et le peuple, un écart qui ne cesse de se creuser au fil des crises.

Le Futur de la Normalisation : Une Posture Intenable ?

La Pression Internationale et Interne

Alors que la coopération avec Israël se renforce, le gouvernement marocain fait face à des pressions croissantes, tant internes qu’externes. Sur le plan international, Rabat doit gérer les réactions des autres pays arabes et africains, dont certains voient d’un mauvais œil ce rapprochement. À l’intérieur du pays, les manifestations et les critiques ne faiblissent pas, malgré les tentatives de répression.

Le gouvernement marocain se trouve donc dans une position de plus en plus intenable, où il doit concilier des objectifs diplomatiques ambitieux avec une opinion publique largement opposée à ses choix. Le soutien à la Palestine reste un point de ralliement pour de nombreux Marocains, et toute perception d’un abandon de cette cause pourrait avoir des conséquences politiques graves pour le régime.

Une Révision de la Politique Étrangère ?

Face à cette situation, certains analystes suggèrent que le Maroc pourrait être contraint de réviser sa politique étrangère, en rééquilibrant ses relations avec Israël et en renforçant son soutien à la Palestine. Une telle révision pourrait permettre au gouvernement de répondre aux critiques internes tout en préservant ses alliances internationales.

Cependant, une telle démarche serait complexe et risquée. Renoncer à la normalisation pourrait signifier perdre le soutien des États-Unis sur la question du Sahara occidental, un enjeu crucial pour Rabat. Le gouvernement marocain devra donc faire des choix difficiles, en tenant compte des implications à la fois domestiques et internationales de ses décisions.

Conclusion : Un Défi pour le Maroc et Son Peuple

La prise de position de Hakim Ziyech contre la normalisation avec Israël est plus qu’un simple acte de protestation ; elle est le symbole d’une fracture profonde entre le gouvernement marocain et son peuple. Alors que Rabat poursuit son rapprochement avec Israël, une grande partie de la population, soutenue par des figures influentes comme Ziyech, continue de rejeter cette normalisation, la considérant comme une trahison des valeurs fondamentales du pays.

Le gouvernement marocain est désormais confronté à un défi majeur : comment maintenir ses ambitions diplomatiques tout en répondant aux attentes d’un peuple de plus en plus mécontent ? Le futur de la normalisation avec Israël dépendra de la capacité de Rabat à naviguer dans ce contexte complexe, en évitant de creuser encore davantage le fossé entre le pouvoir et le peuple.