Les autorités israéliennes et palestiniennes ont convenu dimanche de relancer leur collaboration économique, après un gel de sept mois décidé par l’Etat hébreu, qui a multiplié les actes de représailles depuis décembre dernier et la reconnaissance de l’Etat de la Palestine par l’ONU. Asphyxiée économiquement, la rue palestinienne continue elle de gronder contre ses dirigeants.
Après sept mois de silence, le dialogue a repris entre le gouvernement israélien et l’Autorité palestinienne sur les questions économiques. Dimanche, le ministre des Finances palestinien, Shukri Bishara, a été reçu par son homologue israélien, Lapid à Jérusalem. Sous l’égide du Premier ministre Benyamin Netanyahu et du Président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, les deux ministres ont décidé de rétablir les réunions qu’Israéliens et Palestiniens tenaient régulièrement sur les questions techniques. Objectif : régler des aspects techniques tel que les points de passage entre les différents territoires, la fourniture de carburant, d’électricité et d’eau aux Palestiniens ainsi que le paiement des soins hospitaliers des Palestiniens traités en Israël, indique un communiqué de l’Autorité palestinienne. « Nos contacts avec les Israéliens se poursuivent quotidiennement, il y a des problèmes relatifs à la vie quotidienne des Palestiniens qui doivent être coordonnés et suivis avec les autorités d’occupation israéliennes », a déclaré le négociateur palestinien Saëb Erakat à la radio publique La Voix de la Palestine. De son côté, Yaïr Lapid a estimé que la relance de la coopération économique bénéficiera aux deux parties.
Il s’agit là du premier entretien officiel entre les deux hommes depuis la reconnaissance de la Palestine comme Etat non-membre des Nations unies en novembre dernier. Fermement opposé à cette initiative, le gouvernement de Benyamin Netanyahu n’avait pas tardé à exercer plusieurs représailles contre ses voisins. En guise de punition, les Israéliens ont confisqué entre décembre 2012 et mars 2013 le produit des taxes des importations palestiniennes que l’Etat juif prélève puis transfère à l’Autorité palestinienne en vertu des accords de Paris, régissant leurs relations économiques. Alors que cette dernière a cruellement besoin de fonds pour payer ses fonctionnaires et rembourser une vieille dette. Selon le Premier ministère palestinien, la dette publique a même franchi en juin la barre des quatre milliards de dollars.
Une femme sur deux au chômage à Ghaza
Conséquence de ces représailles : la population palestinienne souffre durement d’une économie déjà agonisante et d’un taux de chômage qui ne cesse de grimper. Ainsi, entre 2011 et 2012, il a augmenté de 15,3% pour atteindre les 23 %. La pression sur le marché de l’emploi est plus forte encore dans la bande de Ghaza où 31% de la population active et une femme sur deux sont sans emploi, selon un rapport de l’Organisation internationale du travail, rendu publique le 6 juin dernier.
La fracture entre la rue et le gouvernement s’accentue car, tandis que l’Autorité palestinienne renoue le contact avec l’Etat hébreu, la population palestinienne, gravement touchée par la misère sociale, manifeste contre ses dirigeants et l’entité sioniste. Ils sont d’ailleurs plus de 40% de Palestiniens à considérer l’Autorité palestinienne comme un « fardeau », contre 30% qui la considèrent encore comme un « acquis », d’après un sondage publié lundi par le Palestinian Center for Policy and Survey Research, basé à Ramallah.