La crise s’accentue au sein du gouvernement italien

Redaction

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Censuré au sein du parti qu’il a cofondé avec Silvio Berlusconi, Gianfranco Fini a exclu de démissionner et a formé un groupe parlementaire, prolongeant la crise aiguë au sein du gouvernement italien.

« Evidemment, je n’ai aucune intention de démissionner », a dit à la presse le président de la Chambre des députés, naguère le plus puissant allié conservateur de Berlusconi jusqu’à ce que leur relation ne s’envenime ces derniers mois. Sur un ton combatif, Gianfranco Fini s’est attaqué à l’absence de libertés dans la démocratie telle que la conçoit Silvio Berlusconi et lui a reproché de gouverner tel un chef d’entreprise autocrate « sans rapport avec nos institutions démocratiques ».

Pour cette conférence de presse, donnée au lendemain du vote d’une motion de censure à son encontre par 33 des 36 membres de la présidence du Parti du Peuple de la liberté (PDL), Gianfranco Fini était entouré de députés qui le rejoignent dans la dissidence et pourraient, ce faisant, affaiblir le gouvernement. Ses partisans ont annoncé la création d’un groupe parlementaire de 32 députés, nommé « Avenir et liberté de l’Italie », ce qui pourrait leur permettre de mettre l’exécutif en minorité s’ils le souhaitent.

La majorité absolue est fixée à 316 voix à la Chambre basse du parlement. Le gouvernement pouvait s’appuyer jusqu’à lors sur 344 élus, dont 14 issus de petits partis qui se prononcent ad hoc sur les textes soumis au vote.

DES MOIS D’HOSTILITÉ

Ses alliés, à déclaré Gianfranco Fini, « soutiendront loyalement le gouvernement chaque fois qu’il agira dans le cadre du programme électoral, mais n’hésiteront pas à combattre des propositions qui sont injustes ou nuisent à l’intérêt général ».

Avec 32 appuis de moins, Silvio Berlusconi pourrait se trouver contraint d’accéder aux demandes de partis plus modestes, voire de la Ligue du Nord qui avait causé la chute de son gouvernement en 1994. Gianfranco Fini n’a en revanche pas évoqué l’éventualité d’élections législatives anticipées, que les observateurs jugent tout à fait possible au lendemain de cette rupture.

Plusieurs d’entre eux affirment que Silvio Berlusconi aurait déjà parlé à ses conseillers de convoquer un scrutin si les dissidents sont assez nombreux et « nous compliquent la vie », persuadé que le PDL fera mieux sans Fini. Cette rupture constitue le paroxysme de mois de tensions et d’hostilité ouverte entre Berlusconi et celui qui fut jadis considéré comme son héritier. Berlusconi accuse Fini de mener une « opposition politique » au sein de son propre parti et de tenter de le faire mourir de « mort lente ».

La présidence collective du PDL a formalisé ces reproches jeudi dans un document où Gianfranco Fini se voit reprocher ses positions incompatibles avec la ligne du parti. Devant la presse, l’ancien néo-fasciste qui avait dissous son Alliance nationale pour fusionner avec le Forza Italia de Berlusconi après l’avoir soutenu durant 14 ans, a cité ces accusations une par une pour les rejeter avec force.

Ces derniers mois, il a notamment provoqué la colère de son ancien allié en se faisant le chantre de la moralité et de la légalité du gouvernement et en appelant à la démission de tout ministre impliqué dans une procédure judiciaire.

Il a en outre oeuvré à contraindre Berlusconi d’édulcorer un texte visant à limiter le recours aux écoutes téléphoniques et leur retranscription dans la presse, dont les détracteurs jugeaient qu’il sapait la lutte anti-corruption.  

Reuters