Après l’enlèvement d’un touriste français dans la région de Tizi-Ouzou et l’appel de Daech au meurtre de Français, la France prend les menaces du groupe terroriste très au sérieux et appelle ses ressortissants à la « plus grande prudence ».
Sur son site internet, le Ministère des Affaires étrangères appelle ses ressortissants en Algérie à la vigilance et leur livre ses recommandations : « Les Français résidant ou de passage dans le pays sont invités à renforcer leur vigilance. Les personnes non inscrites au registre consulaire sont invitées à se signaler au consulat de France le plus proche et, pour les Français de passage, à s’inscrire sur Ariane ».
« La plus grande prudence est en particulier de mise dans certaines zones du nord-est du pays où évoluent encore des groupes terroristes. C’est le cas notamment de la wilaya de Tizi-Ouzou, où l’enlèvement de notre compatriote s’est produit ce 21 septembre et où onze militaires algériens ont été tués le 19 avril lors d’une attaque terroriste près de la commune d’Iboudrarene. » Cette consigne a également été transmise à une trentaine d’ambassades, notamment au Maghreb, au Moyen-Orient et en Afrique.
Ces recommandations découlent d’un contexte bien particulier : l’enlèvement d’un touriste français dimanche soir dans l’est de l’Algérie et l’appel de Daech à tuer les ressortissants français, quelques jours après les premières frappes de l’armée française contre le groupe terroriste en Irak.
« Si vous pouvez tuer un incroyant américain ou européen – en particulier les méchants et sales Français – ou un Australien ou un Canadien, ou tout (…) citoyen des pays qui sont entrés dans une coalition contre l’État islamique, alors comptez sur Allah et tuez-le de n’importe quelle manière », déclare le porte-parole de Daech, dans un message publié en plusieurs langues le 22 septembre.
« La France n’a pas peur » martèle en réponse le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve. Les menaces des terroristes « n’entameront en rien notre détermination à mettre fin à leurs exactions et à secourir les populations », ajoute-t-il dans une déclaration officielle le même jour.
Mais si la France ne doit pas reculer devant ces menaces, elle doit les prendre au sérieux, souligne la presse française.
Francetv info identifie « trois raisons pour la France de prendre très au sérieux les menaces de l’État islamique » : « plusieurs centaines de djihadistes viennent de France », « les moyens financiers de Daech sont très importants », et « le nombre de cible à surveiller est énorme ». « Nous n’avons pas les moyens de police et de renseignements pour suivre tout le monde. Il faut savoir qu’une surveillance 24 heures sur 24 d’un individu requiert une quarantaine de fonctionnaires spécialisés », expliquait Alain Rodier, directeur de recherches chargé du terrorisme et de la criminalité organisée au CF2R, le Centre français de recherche sur le renseignement, à Francetv info, le 8 septembre.
Le quotidien Le Monde souligne lui aussi l’inquiétude des autorités face aux menaces de Daech. « Les djihadistes formés au combat en Irak ou Syrie, de retour sur les sols américain, français, canadien… font craindre le pire aux autorités. ». L’article cite les figures de Mehdi Nemmouche et Mohamed Merah, formés en Syrie et revenus en Europe avec des projets d’attentat. Les autorités françaises restent donc vigilantes quant à la menace terroriste, y compris sur leur propre sol. Le ministre de l’intérieur français a demandé aux préfets de renforcer la sécurité aux abords de certains bâtiments, comme les ambassades ou les lieux de culte.