Le département français de Défense a déclassé dans la soirée du 2 septembre deux synthèses nationales de renseignement jusque-là classées, sur l’attaque chimique du 21 août dans la banlieue de Damas.
Une publication qui intervient une heure tout juste après la diffusion par Le Figaro d’une interview d’exclusivité mondiale du président syrien Bachar Al Assad, où il met en garde la France, seul pays européen prêt à intervenir militairement en Syrie. Pour l’instant, les preuves d’une attaque chimique sont avérées, mais aucune preuve ne permet d’incriminer formellement le régime syrien.
La France a donc rendu publiques deux documents de synthèse du renseignement concernant le programme chimique syrien. La Défense publie aussi cinq vidéos amateures tournées le matin de l’attaque et « analysées par les services du ministère de la Défense ».
Interdites aux moins de 18 ans, on y voit de nombreux corps, enfants et adultes à même le sol, enveloppés dans des draps blancs. Des images très violentes qui témoignent de l’horreur qu’endure le peuple syrien, victime d’une guerre civile qui dure depuis près de deux ans et demi.
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Pas de blessures visibles, mais les corps présentent les symptômes d’une attaque chimique, sans doute possible. A savoir des troubles confusionnels, une dépression respiratoire, une hypersalivation mousseuse et donc un décès sans blessures apparentes.
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Sur la foi de ces vidéos, le département de la Défense répertorie 281 décès. Des évaluations indépendantes, de Médecins sans frontières notamment, déclarent au moins 355 morts, tandis que d’autres décomptes évoquent 1500 morts environ. Ce serait l’attaque la plus meurtrière depuis le début du conflit.
Un premier document décrit une « attaque massive à Ghouta », dans la banlieue est de Damas. Issu du renseignement extérieur et militaire français, il stipule surtout que l’attaque a été conduite par le régime, dans deux zones où se sont réfugiés les insurgés. La France accuse donc le régime syrien avec certitude. Un second document – plus fourni – répertorie l’arsenal chimique syrien et les attaques déjà conduites dans le pays.
La bataille de la communication est donc bien engagée. La France réplique avec force au régime syrien, et à Bachar Al-Assad, qui dans son interview exclusive au Figaro réitère n’être en aucun cas à l’origine de l’attaque chimique. Il met au défi quiconque de trouver des preuves et dit :
Supposons que notre armée souhaite utiliser des armes de destruction massive: est-il possible qu’elle le fasse dans une zone où elle se trouve elle-même et où des soldats ont été blessés par ces armes.
Très serein lors de l’interview, d’après l’envoyé spécial du Figaro, le président syrien, Bachar Al Assad menace indirectement la France qu’il qualifie d' »ennemi du peuple syrien ». Il met surtout en garde contre un embrasement de la région, où les intérêts occidentaux pourraient être attaqués en représailles.