Après les violences des deux derniers jours, un calme relatif régnait lundi matin à Tunis, alors que le Premier ministre Mohamed Ghannouchi doit annoncer dans la journée la composition du nouveau gouvernement d’unité nationale. Initialement prévue à la mi-journée, la conférence de presse du Premier ministre a été reportée à 15h locales, a-t-on appris sur place.
Ce gouvernement transitoire, annoncé trois jours seulement après la fuite de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali, devrait pour la première fois comprendre des membres de l’opposition légale. La présidentielle devrait avoir lieu dans les deux mois.
Nejib Chebbi, fondateur et chef du PDP (Parti démocrate progressiste), principale formation de l’opposition légale, devrait faire partie de la nouvelle équipe gouvernementale, ainsi que deux autres responsables de l’opposition légale, selon une source au sein du PDP.
L’opposant tunisien Moncef Marzouki, exilé en France depuis une vingtaine d’années, a annoncé lundi matin sur France Info qu’il « serait effectivement candidat » à l’élection présidentielle. Mais « la question est, est-ce qu’il y aura ou non des élections libres et honnêtes (…), permettre à toutes les bonnes volontés de se présenter et abolir le Code électoral qui a été concocté sous la dictature pour la dictature? », s’est interrogé le dirigeant du Congrès pour la république (CPR), parti de la gauche laïque.
Après les violences du week-end, un semblant de vie normale accompagnait les habitants de Tunis lundi matin. Plusieurs commerces ont rouvert et certains habitants ont repris le chemin de leur travail. Des pillages avaient été signalés samedi, et la journée de dimanche a été le théâtre de plusieurs fusillades dans le centre de Tunis, pourtant quadrillé par l’armée.
Des échanges de tirs répétés ont notamment retenti devant le siège du PDP, suivis d’autres échanges sur et autour de l’avenue Bourguiba, l’artère principale du centre-ville, là où l’armée est déployée en plus grand nombre et où se trouve le redouté ministère de l’Intérieur.
Les affrontements semblaient opposer l’armée aux membres des divers organes sécuritaires de l’ancien régime, « miliciens » du RCD ou hommes de la sécurité présidentielle.
Plusieurs informations difficilement confirmables de sources indépendantes ont également fait état de l’arrestation de membres de l’ancien régime et de l’entourage du président déchu, notamment son beau-frère, Imed Trabelsi.
AP