L’Afrique est-elle prête à vieillir ?

Redaction

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Le continent africain qui abrite l’une des populations les plus jeunes devrait vieillir plus rapidement que l’on le pense. Les 40 prochaines années devraient être décisives. Mais les pays africains sont-ils prêts à accueillir ce bouleversement démographique ?

La jeune Afrique devra elle aussi vieillir, mais elle risque de ne pas disposer de tous les moyens nécessaires pour assumer un vieillissement trop rapide. L’INED (l’institut national des études démographiques français)s’est posée cette question dans son étude «L’Afrique, un continent jeune face au défi du vieillissement», publiée à la mi-août.

Il apparaît dans ce rapport que le processus de vieillissement aurait déjà commencé en raison de l’allongement de la durée de vie et de la baisse de la fécondité, et ce, malgré la jeunesse de ses habitants. Il devrait progresser très rapidement, le nombre de personnes âgées  de 60 ans devrait quadrupler d’ici 2050, passant de 56 à 215 millions.

L’exemple de l’Algérie et l’Éthiopie

L’INED s’est notamment intéressé à l’Algérie et L’Ethiopie (comme l’indique le graphique ci-dessous qu’il a élaboré ), dont les populations font partie des plus jeunes. Les deux états vont connaître très rapidement un choc démographique.

L’Algérie, à l’instar des autres pays du Maghreb, va connaître un important vieillissement au cours des quarante prochaines années. En 2050, l’âge médian en Algérie sera proche de celui du Japon aujourd’hui, qui est actuellement le plus élevé du monde.

L’Éthiopie, dont la baisse de la fécondité a débuté plus récemment, verra son âge médian multiplié par 1,7 entre 2010 et 2050 mais restera plus jeune que l’Algérie, tout en étant composée d’un plus grand nombre de personnes âgées de 60 ans et plus.

 

Une gestion du vieillissement compliquée

Le continent dont la population est en moyenne très jeune devra s’adapter à cette évolution sociale, mais est-elle prête à relever le défi? L’INED s’interroge, car il explique que  » pour le moment, la prise en charge des personnes âgées en Afrique repose en grande partie sur les solidarités privées. À l’avenir, les familles auront de plus en plus de mal à répondre convenablement aux besoins spécifiques des aînés, de plus en plus nombreux, si elles ne sont pas soutenues et relayées par des politiques publiques adaptées. »

Les alternatives sont restreintes, étant donné que la plupart des pays africains ne disposent pas de système de retraite solide pouvant répondre aux nouvelles attentes démographiques.  » Dans la plupart des pays, les inégalités entre milieu rural et milieu urbain sont également très fortes […] Les moyennes nationales recouvrent en outre de grandes disparités sociales, géographiques ou selon le sexe. »

L’INED prend d’ailleurs l’exemple du Maroc, où 16% des plus de 60 ans perçoivent une pension de retraite, seules 3% des femmes de cet âge touchent des pensions contre 30% des hommes. Au Sénégal, plus d’un tiers des personnes âgées continuent de travailler en raison de pensions trop faibles. Au Congo-Brazzaville, ce sont 50% d’entre elles qui maintiennent une activité professionnelle. En Namibie, une grande partie des personnes âgées reçoivent des retraite, mais son montant est également faible, plus de 30 % des 65 ans et plus continuent à exercer une activité.

Un défi social à l’horizon 2050

L’Afrique  a donc quarante années pour se préparer à gérer cette évolution démographique.  La protection sociale n’a jamais été autant une nécessité pour le continent. Certains pays l’ont compris e commencent à investir dans une politique sociale efficace. Le Maroc tente d’élaborer le  «Régime d’Assistance Médicale », le Sénégal quant à lui développe le «Plan Sésame » depuis 2006, afin d’offrir aux personnes âgées des moyens de santé accessibles. Le reste des pays africains n’aura plus qu’à suivre.

Amina Boumazza