L’agression d’une femme voilée à Argenteuil : silence politique et indignation populaire

Redaction

Le jeudi 13 juin Leïla O., une femme musulmane voilée, a été agressée dans la ville d’Argenteuil en France. Quatre jours plus tard la femme, qui était enceinte, perd son enfant. La réaction de la société civile s’est faite immédiate et virulente.

A Argenteuil, une ville de la région parisienne, une jeune femme de 21 ans s’est faite violemment agressée dans la rue. C’était jeudi matin. Deux hommes lui ont arraché son voile et coupé un morceau de son vêtement avant de la trainer par les cheveux, a-t-elle déclarée lorsqu’elle a porté plainte vendredi. Quelques jours plus tard, le lundi 17 juin plus précisément, on apprend la mort de l’enfant qu’elle portait dans son ventre. «Son mari m’a appelé cet après-midi. Elle a perdu son bébé», a indiqué l’avocat de la victime lundi.

Mobilisation associative

C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase pour tous ceux qui luttent contre l’islamophobie en France. L’agression puis l’annonce de la mort du bébé provoquent une vague de protestations de la part de plusieurs associations. Le lundi 17 au soir, la Coordination contre le racisme et l’islamophobie (CRI) publie un communiqué sur le site d’informations communautaire Saphir News. «Nous tenons ici à faire part de notre consternation et notre très grande colère face à ce drame que vient de subir Madame Leïla O., citoyenne musulmane agressée à Argenteuil par deux skinheads au point d’en perdre son bébé», écrit le CRI. L’association appelle ensuite à des actes concrets de la part des officiels et autorités françaises : «La vague d’agressions et de comportements islamophobes nécessite une réaction ferme et sans concession de la part de la République, qui doit exprimer sa solidarité à toutes les victimes et pas seulement à celles que le ministre de l’Intérieur juge dignes d’en bénéficier».

Image de deuil, le CCIF s’indigne de l’agression de Leïla O. suivie de la perte de son enfant (Capture d’écran du site internet du CCIF)

Le lendemain de la perte de l’enfant pas encore né, c’est au tour du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) de réagir. «Ce drame suscite à la fois douleur et colère…», écrit le CCIF sur son site internet. «Combien faudra-t-il de victimes ? Combien de vie brisées ? Combien de familles meurtries ? Nous avons atteint le point de non retour. Notre pays est malade car les fondements du vivre ensemble sont malmenés depuis trop longtemps, laissant libre cours aux formes les plus violentes d’islamophobie», dénonce le collectif.

Un silence politique qui dérange

Du côté des internautes français, ils ont été nombreux à s’indigner de cette affaire. Les pincettes avec lesquelles les médias ont relayé l’information (utilisation du conditionnel, mise en avant des incohérences des déclarations de la jeune femme…) et le silence des politiques ont suscité réactions et interrogations sur twitter.

Le silence des politiques s’est en effet fait lourd et pesant. Il aura fallu attendre mardi 18 juin, pour que le préfet du Val-d’Oise dénonce officiellement l’agression de Leïla O. Dans un communiqué publié sur le site internet de la préfecture, il est écrit que «le préfet du Val-d’Oise condamne avec la plus grande fermeté l’agression dont a été victime une jeune femme de confession musulmane, agression à laquelle s’ajoute la perte tragique de l’enfant qu’elle attendait ». En revanche la demande du CCIF, qui réclamait une réaction de la part du ministre de l’Intérieur Manuel Valls, n’a pas encore été satisfaite. «Le CCIF appelle avec force à la mobilisation de l’ensemble des Citoyen-ne-s pour exiger du ministre de l’Intérieur que tout soit mis en œuvre afin que les auteurs de ces actes soient retrouvés, jugés et condamnés. Nous attendons aussi que M. Valls nous expose les mesures qu’il compte mettre en place pour enrayer la montée de l’islamophobie», avait rédigé le collectif sur leur site web.

Par ailleurs, un collectif d’associations a organisé un rassemblement contre l’islamophobie qui se déroulera le 22 juin à 15h devant la sous-préfecture d’Argenteuil. Lire le communiqué de la mobilisation.