Le ministre de l’eau palestinien a révélé dimanche 21 avril que l’Algérie contribuera au financement d’une station de dessalement de l’eau sur la côte de la bande de Ghaza. Une urgence pressante étant donné l’extrême pollution de la nappe phréatique ghazouie.
Longtemps attendus, les travaux d’usine de dessalement de l’eau dans la bande de Ghaza pourraient enfin être lancés. C’est du moins ce que laisse espérer la visite du ministre palestinien chargé de l’eau, Shaddad Al-Attili, qui a rencontré dimanche à Alger son homologue algérien, Hocine Necib. Pour combattre la pénurie hydrique qui frappe la bande de Ghaza, l’Algérie promet de financer à hauteur de 10% cette usine, dont le coût total de construction s’élève à 400 millions de dollars. Une preuve de la longue amitié qui unit Algériens et Palestiniens. « Personne n’oublie que c’est à partir d’Alger que l’Etat palestinien a été proclamé par le défunt Yasser Arafat », a rappelé Shaddad Al-Attili. « Au prochain sommet des ministres arabes des Ressources en eau, nous allons discuter du projet de station de dessalement de l’eau à Ghaza avec l’ensemble des pays de la Ligue arabe. Le Koweït et l’Arabie Saoudite nous ont, eux aussi, confirmé leur contribution à ce projet », a-t-il révélé à nos confrères d’El Watan. L’Algérie formera également « des cadres palestiniens pour gérer indépendamment la station de dessalement, la récupération et le traitement ».
Plus d’eau potable d’ici 2014
Et le temps presse. Selon le Programme des nations unies pour l’environnement, d’ici 2014, l’eau issue de la nappe phréatique ghazouie sera impropre à la consommation. La faute à une inquiétante pollution des sous-sols. Du fait de la surexploitation de la nappe phréatique, l’eau de mer salée s’infiltre dans nappe. Rappelons que la bande de Ghaza représente l’une des plus fortes concentrations de population du monde. « Sur une longueur de 43 km et une largeur de 10 km vivent plus de 1,5 million d’habitants », indique le ministre palestinien chargé de l’eau. Aujourd’hui, l’insalubrité de l’eau de l’aquifère côtier ghazaoui a des conséquences hygiéniques et sanitaires « désastreuses », alarme-t-il. A Ghaza, les enfant « naissent avec des anomalies, comme ceux qui viennent au monde avec une peau de couleur bleue », indique le ministre palestinien chargé du dossier.
« Le fruit de la politique d’occupation d’Israël »
Comme les frontières et la terre, l’eau repose sur un rapport de force entre Israéliens et Palestiniens dans les Territoires occupés. Un rapport de force qui tourne toujours en faveur de ces premiers. En vertu des Accords d’Oslo de 1994, ils contrôlent 80% des ressources hydrauliques en Cisjordanie, laissant moins de 18% aux Palestiniens. Ainsi, un Palestinien consomme en moyenne 70 litres d’eau par jour contre 300 litres pour les Israéliens, selon l’ONG palestinienne Ewash. Un niveau de consommation inquiétant car en-dessous des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé, qui préconise d’utiliser quotidiennement au moins 100 litres d’eau.
Pire, les Palestiniens résidant dans la zone C en Cisjordanie en sont réduits à acheter aux Israéliens l’eau qu’ils extraient sous leurs pieds. « Tout cela est le fruit de la politique d’occupation d’Israël, qui interdit au peuple palestinien de jouir de sa propre eau, notamment celle du Jourdain », dénonce le ministre de l’eau palestinien, qui rappelle que l’entité sioniste leur interdit de creuser ou de réparer des puits depuis 1967. Pour lui, Israël utilise cette ressources naturelle comme une arme politique et coloniale. Ils veulent « pousser les habitants de Ghaza à quitter ce territoire. C’est sa logique pour dépeupler notre terre. Raison pour laquelle il interdit aux réfugiés palestiniens de 1948 de retourner en Palestine », lâche-t-il.