Le Maroc se soulève contre la vie chère et le gouvernement

Redaction

Rabat vie chère Maroc

Des milliers de personnes ont manifesté dimanche à Rabat au Maroc contre la vie chère et le gouvernement islamiste d’Abdelilah Benkirane, en riposte à la récente augmentation des prix des carburants ou encore du lait.

La lutte contre la contrebande en Algérie est sur le point de faire une victime au Maroc : le gouvernement islamiste. Ce dernier affronte depuis ce dimanche à des manifestations contre la vie chère.

Des milliers de personnes se sont rassemblées à Rabat, dans le calme, à l’appel du syndicat UGTM, proche de l’Istiqlal, parti conservateur qui a claqué la porte de la coalition gouvernementale il y a quelques mois. Des travailleurs, des familles, des jeunes qui ont notamment brandi des étendards sur lesquels figuraient une main avec un pouce dirigé vers le sol, et scandé de nombreux slogans hostiles à Abdelilah Benkirane. L’agence française AFP a glané différents témoignages de manifestants :

Nous manifestons contre les produits qui deviennent trop chers, le lait, la viande et maintenant l’essence. Et il n’y a pas de travail. On ne veut plus de (Abdelilah) Benkirane, il n’a rien fait.

On est là pour que la situation change. Il faut augmenter les salaires. Surtout que la hausse des prix, ça devient trop !

Selon la presse locale, le patron de l’Istiqlal et maire de Fès, Hamid Chabat, avait affrété des centaines de bus pour acheminer les manifestants dans la capitale. Le maire de Fès a appelé à amplifier le mouvement :

C’est un message clair adressé au gouvernement qui doit absolument revenir rapidement sur ses décisions (…). Nous appelons à des grèves dans toutes les villes et les campagnes du Maroc.

Aussi, cette première manifestation pourrait marquer le coup d’envoi de diverses mobilisations sociales dans le royaume : les transporteurs, en première ligne, ont ainsi menacé d’entreprendre une grève de 72 heures à compter de lundi si leurs revendications ne sont pas satisfaites.

Le gouvernement emmené par les islamistes du Parti justice et développement (PJD), qui doit contenir un déficit ayant atteint 7,3% du PIB en 2012, a décidé d’indexer de manière partielle et limitée les prix des carburants sur les cours internationaux. Entrée en vigueur mi-septembre, cette décision a aussitôt entraîné une hausse de 5% à 8% des prix à la pompe.

Elle est présentée comme le point de départ d’une réforme de la caisse de compensation, qui subventionne à grand frais des produits de base : son coût a explosé, atteignant en 2012 près de 55 milliards de dirhams (4,9 milliards d’euros, 6% du PIB). Le ministre en charge de cette réforme, Najib Boulif, a défendu son projet :

La force de ce gouvernement est de prendre une décision qui n’est pas populaire mais doit être prise.

Il a annoncé des mesures d’accompagnement, afin de ne pas entraîner une inflation généralisée, notamment via les coûts de transport. D’après le quotidien marocain L’Economiste, une enveloppe de 150 millions de dirhams va ainsi être débloquée à l’attention de 85.000 conducteurs de taxi.

Le Maroc a également connu une récente hausse de 6% du prix du lait, la première depuis 2009, a fait valoir le ministre de l’Agriculture, Aziz Akhannouch.

Sur le plan politique, le gouvernement islamiste doit résoudre au plus vite la question de son remaniement, rendu nécessaire à la suite du passage de l’Istiqlal dans l’opposition. Le PJD a trouvé un nouvel allié, le Rassemblement national indépendant (RNI, libéral), mais les tractations, qui durent depuis deux mois, piétinent.

(Avec AFP)

Quitter la version mobile