Le procureur fait appel de la relaxe de Dominique de Villepin

Redaction

Le procureur de Paris fera appel de la relaxe prononcée jeudi par le tribunal correctionnel de Paris pour Dominique de Villepin dans l’affaire des faux listings de la société Clearstream.

L’ancien Premier ministre a aussitôt accusé vendredi Nicolas Sarkozy, partie civile dans le procès, d’avoir fait pression sur le parquet par « acharnement » et par « haine ».
Son avocat, Me Olivier Metzner, a dénoncé sur France Info « une décision politique ». « Cela montre que Nicolas Sarkozy, contrairement à ses affirmations, continue un combat contre Dominique de Villepin », a-t-il dit.
Un second procès se tiendra fin 2010 ou plus vraisemblablement début 2011, alors que les états-majors politiques se mettront en ordre de bataille pour l’élection présidentielle de 2012.
Le procureur Jean-Claude Marin, qui avait requis à l’audience une peine de 18 mois de prison avec sursis et 45.000 euros d’amende à l’encontre de Dominique de Villepin, a annoncé sa décision sur Europe 1.
« Ce qui m’apparaît, c’est que le tribunal n’a pas tiré toutes les conséquences de ce qu’il a entendu, et qu’il reste encore une part de vérité à faire émerger. Tout n’a pas été dit dans cette affaire », a-t-il expliqué.
« En ne faisant pas appel, j’aurais trahi le protocole habituel de fonctionnement du ministère public », a-t-il ajouté.
Il assure ne pas avoir obtempéré à un ordre de l’Elysée. « Le ministère public ne fait pas appel pour des intérêts de particulier (…). Je n’ai pas besoin de recevoir des instructions de quiconque pour faire appel », a-t-il dit.
Réagissant sur RMC à l’annonce du procureur, Dominique de Villepin a assuré que ce n’était pas « sa décision ».
« Nicolas Sarkozy préfère persévérer dans son acharnement, dans sa haine », a-t-il lancé.

MARIN CRITIQUÉ

Outre Dominique de Villepin, comparaîtront probablement au second procès l’ancien vice-président d’EADS Jean-Louis Gergorin et le mathématicien Imad Lahoud, condamnés respectivement à 15 mois et 18 mois de prison ferme et qui devraient aussi faire appel.
Dans un communiqué publié jeudi par l’Elysée, Nicolas Sarkozy, partie civile dans ce dossier, avait annoncé qu’il était satisfait du jugement et ne ferait pas appel.
Cette déclaration avait surpris les acteurs du procès puisqu’une partie civile n’a pas juridiquement le pouvoir de faire appel d’une décision pénale.
Les partisans du président comme ceux de Dominique de Villepin avaient appelé à « tourner la page » et à renouer avec un climat « d’apaisement ».
La décision de Nicolas Sarkozy signifie qu’il ne sera plus représenté au procès en appel, ayant obtenu satisfaction pour ses demandes de plaignant, la reconnaissance de son statut de victime et un euro symbolique de dommages et intérêts.
Jean-Claude Marin avait été critiqué au premier procès par la défense de Dominique de Villepin, qui remarquait qu’il avait changé de position sur le dossier après l’accession de Nicolas Sarkozy à l’Elysée en 2007, et y voyait l’exécution d’un ordre.
Alors qu’en 2007 il avait refusé de poursuivre Dominique de Villepin, finalement mis en examen contre son avis par deux juges d’instruction, il avait finalement requis son renvoi devant le tribunal en 2008.
Dans cette affaire de complot menée en 2004 avec de fausses listes de comptes bancaires imputant à des centaines de personnalités – dont Nicolas Sarkozy – la détention d’argent sale, Jean-Claude Marin soutenait que Dominique de Villepin devait être déclaré « complice par abstention ».
Selon son analyse, l’ancien Premier ministre n’est pas l’instigateur de la machination mais y a contribué en s’abstenant d’y mettre fin en juillet 2004, quand selon lui il avait acquis la certitude que les listings étaient faux.
Le tribunal a rejeté cette analyse en estimant que Dominique de Villepin n’avait acquis qu’en octobre 2004 la certitude que les listings étaient faux, et que de toutes façons il n’aurait pu mettre fin à la calomnie en tirant la sonnette d’alarme.

Reuters

Quitter la version mobile