Le succès des vacances « halal » en France

Redaction

Pour permettre à des familles musulmanes de partir chaque été, plusieurs associations proposent des séjours adaptés à l’éthique musulmane. Baignades éloignées des touristes, activités sportives et ludiques dans un cadre spirituel, l’offre de ces associations semble de mieux en mieux adaptée à la demande.

« Ceux qui s’inscrivent chez nous ne cherchent pas le club med, mais le club ahmed ! » Salim Amara , président de l’association des musulmans de Rosny-sous-Bois (AMR), a le mot d’esprit facile et l’humour vif. Depuis plus de dix ans, il organise chaque été avec son équipe, des séjours en Normandie et dans les Alpes à destination des familles musulmanes. Cette année, le groupe s’est rendu à la station des Orres dans les Hautes-Alpes, près du lac de Serre à Ponçon. L’objectif de l’AMR, comme chaque année, est de fournir une bouffée d’oxygène et de détente à une communauté musulmane en quête de vacances…halal. « La majorité de nos inscrits cherchent à être en communauté, entre musulmans. Le fait d’être avec le groupe renforce leur foi et leur permet de se ressourcer » explique le président de l’AMR.

Baignades halal et barbecues…

En somme des vacances islamiques, ce qui n’est pas contradictoire pour l’association. Si l’aspect religieux est présent, à travers le caractère licite de l’alimentation et l’organisation de débats avec le public autour de thème liés à l’islam, le plus souvent concernant la vie privée (mariage, célibat, divorce, éducation…), les loisirs ne sont jamais très éloignés. « Beaucoup pensent que les musulmans ne peuvent pas prendre des vacances. Mais si on a choisi de vivre en France, on doit accepter certaines réalités. Même si on essaie de limiter les dégats » ajoute Salim Amara. Parmi les « dégats » potentiels figurent l’accès aux plages bondées de touristes en maillots de bain. Une atteinte à la pudeur soigneusement contournée par l’organisation. « Le matin, avant l’arrivée des touristes, les femmes et les enfants peuvent se baigner tranquillement et on organise des barbecues juste après » détaille le responsable associatif de Rosny-sous-Bois. Mais le programme estival de l’AMR ne s’arrête pas là. Rafting, paint ball, patinoire ou location de bateaux à moteurs, les activités proposées sont larges et propres à satisfaire tout un chacun. Et des téléfilms amateurs sont même réalisés à la fin du séjour. « Avant, on avait un programme trop chargé, confirme Salim Amara, mais maintenant on a changé. L’humour et l’ambiance sont privilégiés et on demande à nos intervenants (imams, conférenciers) de parler peu. Et nous laissons le public orienter les débats. » Si la dimension religieuse qui s’exprime dans l’encadrement et l’atmosphère créés par l’équipe est primordiale, et si les loisirs, indispensables à toutes vacances qui se respectent, sont importants pour les familles, le prix l’est tout autant. Braham Semar, responsable de l’Association des musulmans d’Ile-de-France (AMI), en sait quelque chose, lui qui organise tout au long de l’année des séjours vacanciers. « Dernièrement, nous avons organisé un camping à Poitiers, à proximité du Futuroscope. Nos tarifs étaient de 120 euros la semaine. Pour chaque personne, l’association a pris en charge 800 à 900 euros ce qui est considérable pour un groupe de vingt familles » explique-t-il. Les motivations des participants sont proches de ceux de l’AMR. « Etre avec des gens qu’on apprécie et retrouver un environnement spirituel tout en assurant de la détente aux gens » précise Braham Semar. A Ponçon, les vacanciers de l’AMR bénéficient eux-aussi de tarifs préférentiels.

L’AMR reçue par les RG !

« L’ensemble de notre location et des activités s’élève à 379 euros par personne, ce qui est très en dessous du prix du marché. Mais le coût du séjour n’est pas prioritaire dans le choix de nos vacanciers. C’est l’ambiance que nous offrons qui attire notre public » insiste pour sa part Salim Amara. Pourtant, proposer des vacances à des familles musulmanes n’est pas dénué de surprise pour les organisateurs. Ni d’anecdotes. « La première fois, le centre des Orres était réticent à l’idée d’accueilllir plusieurs dizaines de musulmans. Les renseignements généraux nous ont reçu ! Je leur ai dit : après notre départ, vous direz que nous n’avons jamais reçu de groupe aussi discipliné. A notre retour à Rosny-sous-Bois, le centre nous a envoyé un courrier en reprenant explicitement ces propos » conclut avec beaucoup de satisfaction le président de l’AMR.

(fr.zaman.com.tr)

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