Pour lutter contre l’exploitation des travailleuses éthiopiennes à l’étranger, l’Ethiopie interdit désormais aux employées de maison de s’expatrier.
En 2012, elles étaient plus de 200.000 femmes à quitter leur pays pour aller chercher du travail ailleurs, poussées en dehors de leurs frontières par un taux de chômage avoisinant les 27%. Mais, bientôt, il n’y en aura plus une seule. C’est du moins ce qu’a annoncé samedi 26 octobre le ministère des affaires étrangères d’Ethiopie. Les autorités de ce pays, l’un des plus pauvres d’Afrique, sont décidées à mettre un terme à l’exode des travailleuses de maison. Un exode qualifié de trafic d’êtres humains par le ministère des affaires étrangères d’Ethiopie. « L’exode, encouragé par des trafiquants illégaux d’êtres humains, crée d’immenses problèmes à la population et nuit à l’image du pays », a ainsi déclaré le porte-parole des Affaires étrangères éthiopien, Dina Mufti, qui met en cause les agences de recrutement. Selon lui, elles trompent les Éthiopiennes en les envoyant clandestinement à l’étranger travailler dans des conditions déplorables alors que ces femmes s’endettent jusqu’au cou auprès de ces agences pour préparer leur immigration. « Cela touche beaucoup de jeunes, trompés par des trafiquants, et cela crée un énorme problème socio-économique pour le pays », a ajouté le porte-parole du ministère des affaires étrangères.
Un suicide par semaine au Liban
L’Ethiopie a légiféré une première fois pour interdire aux travailleuses domestiques de se rendre au Liban, il y a quelques années. Mais rien n’y fait. Désespérées par un taux de chômage toujours élevé, les Éthiopiennes continuent à franchir la mer Rouge et échouer au pays du cèdre. Là-bas, comme dans le reste du Moyen-Orient, où on les retrouve en majorité, leur rêve d’émigration tourne souvent au cauchemar. Mauvais traitements physiques et psychiques, bas salaires, piteuses conditions de vie, racisme, c’est un véritable calvaire qu’endure une grande partie des employées de maison originaire d’Ethiopie. Un quotidien insoutenable qui les conduit parfois à commettre l’irréparable. Selon l’ONG Human Rights Watch, une femme de maison décède en moyenne par semaine au Liban de façon non naturelle, c’est-à-dire d’un suicide ou d’une chute du haut d’un immeuble.
Un guide de survie
En février 2012, un cas de maltraitance filmé avait fait scandale dans ce petit Etat du Moyen-Orient. Une vidéo diffusée sur Internet montrait une femme de ménage éthiopienne violentée en public par son employeur. A bout, Alem Dechasa s’était suicidée quelques jours après cet incident dans l’hôpital psychiatrique de Beyrouth où elle avait été internée.
Pour seule réponse, le ministère libanais du Travail, en collaboration avec l’Union européenne et l’Organisation internationale du travail, a publié en novembre 2012 un guide de survie pour les travailleuses domestiques du Liban. Un manuel de 60 pages contenant des informations sur le départ pour le Liban (visa, permis de travail, examens médicaux…), des détails sur le contrat du travail (date de paiement, temps libre accordé…) et une initiation à la culture libanaise.
http://www.youtube.com/watch?v=HBf_-QKp6pw