Les familles des otages français d’Aqmi rompent le silence

Redaction

Cent jours après l’enlèvement de cinq Français au Niger par Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi), leurs familles ont décidé de rompre le silence pour qu’on « ne les oublie pas ».
Les proches des otages ont d’abord transmis vendredi un communiqué au quotidien Ouest-France avant de s’exprimer dans plusieurs médias.

« Depuis le début, une discrétion absolue est gardée de la part des autorités et des familles, afin de sauvegarder toutes les chances de libération de nos otages. Noël, avec sa symbolique, et au-delà de toutes les croyances religieuses, est une occasion de rappeler que pour ces 100 jours, ‘on ne les oublie pas' », déclarent les familles dans leur communiqué.

Les cinq Français, pour la plupart des collaborateurs des groupes français Areva et Satom, ont été enlevés avec deux autres personnes le 16 septembre dans le nord du Niger, à Arlit, un site d’extraction d’uranium.

Aqmi a revendiqué l’enlèvement le 21 septembre et les otages seraient détenus au Mali.

Les familles, qui ont été reçues à l’Elysée le 29 novembre, assurent n’avoir aucun reproche à adresser aux autorités françaises.

Mais elles estiment qu’il n’existe toujours « aucune demande crédible et recevable par la France pour engager des négociations en vue de la libération » des cinq otages.

Dans ses revendications, à la mi-novembre, le groupe Aqmi avait demandé l’abrogation de la loi sur le port du voile intégral dans l’espace public français, le retrait des soldats français d’Afghanistan, et exigeait que chaque négociation soit « effectuée avec (Oussama) Ben Laden et à ses conditions ».

« Aux rares informations confirmées, données par l’État, s’ajoutent des rumeurs, invérifiables, qui circulent sur internet », ajoutent les familles.

« Difficile de savoir dans quelles conditions ces otages vivent leur captivité. Une chose est sûre: l’attente est insupportable pour les proches. »

Fin novembre, le ministre français de la Défense, Alain Juppé, a évoqué des « contacts » avec les ravisseurs mais le président Nicolas Sarkozy s’était auparavant déclaré « spécialement inquiet » pour ces otages.

Dans le Monde daté de samedi, le grand-père et la mère de Pierre Legrand, l’un des otages, indiquent vouloir désormais s’affranchir des règles de silence au nom du « devoir de vigilance ».

« Si le rappel des noms des deux journalistes de France 3 enlevés en Afghanistan (Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier) ne fait pas forcément avancer les choses, le silence observé dans les premiers mois après leur rapt n’avait rien fait avancer non plus », explique René Robert. « L’argument en faveur du silence tombe à plat », ajoute-t-il.

Reuters