Plusieurs organisations musulmanes françaises ont lancé mardi 9 septembre « L’Appel de Paris » pour réaffirmer leur soutien aux chrétiens d’Orient et dénoncer les crimes commis par l’État islamique dans la région.
Dans une lettre commune dévoilée mardi 9 septembre à la Grande Mosquée de Paris, plusieurs institutions représentatives des musulmans de France ont réaffirmé leur soutien aux chrétiens d’Orient persécutés par l’État islamique.
Le texte est porté par la coordination Chrétiens d’Orient en danger (Chredo), le Conseil français du culte musulman (CFCM), le Conseil des démocrates musulmans de France, le Rassemblement des musulmans de France et la Coordination des musulmans turcs de France.
Un vibrant plaidoyer pour la fraternité et la tolérance
Les signataires ont tenu à « réaffirmer leur soutien aux frères chrétiens d’Orient, pour la plupart arabes, ainsi que pour toutes les autres minorités de la région, qui sont victimes actuellement d’une grave campagne destructrice ».
Ils ont également souligné le « droit inaliénable » de leurs « frères chrétiens d’Orient […] à rester et à vivre sur leur terre dans la dignité et la sécurité et pratiquer leur foi en toute liberté, comme cela a toujours été ».
La lettre rappelle enfin qu’au Moyen-Orient, « berceau de civilisation », les trois religions monothéistes coexistent depuis des siècles, et qu’il est impossible d’imaginer la région « amputée d’une partie de son identité ».
« Ces agissements d’un autre âge ne sont fidèles ni aux enseignements ni aux valeurs de l’islam »
Employant des termes forts, les institutions signataires ont condamné « sans ambigüité » les « crimes contre l’humanité » commis par les « barbares » de l’État islamique, des crimes qui « menacent actuellement les populations mais aussi la stabilité et la paix entre les peuples de toute la région ».
Elles ont de plus déclaré « solennellement » que « ces groupes, leurs soutiens et leurs recrues ne peuvent se prévaloir de l’islam ». « Ces agissements d’un autre âge ne sont fidèles ni aux enseignements ni aux valeurs de l’islam », précise le texte.
Des plans d’action pour soutenir « nos frères en Dieu »
Les signataires ont par ailleurs assuré que leur texte n’a pas vocation à rester lettre morte. Le président de la Chredo, Patrick Karam, a expliqué que l’appel s’accompagne de « plans d’action ». En particulier, les mosquées de France et d’Europe sont appelées à prier pour les chrétiens d’Orient lors de la prière du vendredi 12 septembre.
Ils ont enfin annoncé qu’une conférence internationale sur le sujet sera organisée à Paris dans les prochaines semaines. Des religieux, des laïcs, des diplomates et des responsables politiques seront invités à se pencher sur le sort des chrétiens d’Orient.
L’État islamique, « ennemi numéro un de l’islam »
Cet « Appel de Paris » intervient après que de nombreux responsables musulmans ont dénoncé les crimes de l’État islamique.
Le 4 juillet, l’Union internationale des savants musulmans avait déclaré que « lier le concept de califat à une organisation connue pour être extrémiste ne sert pas à l’islam ». Quelques semaines plus tard, le 22 juillet, la même organisation avait condamné « l’expulsion forcée des frères chrétiens d’Irak », dénonçant des « actes qui violent les lois islamiques, la conscience islamique ».
Le 21 juillet, une autre organisation internationale, l’Organisation de la coopération islamique, avait condamné les persécutions menées par l’État islamique et avait affirmé être « prête à apporter l’assistance humanitaire nécessaire » aux minorités persécutés.
En Indonésie, pays musulman le plus peuplé au monde, le Conseil des oulémas indonésiens avait émis le 7 août une fatwa déclarant « illégale » la participation aux activités de l’État islamique.
En Égypte, une campagne a été lancée début août sur les réseaux sociaux, à l’initiative des responsables religieux et du ministère des Affaires religieuses, pour réfuter les « interprétations erronées » de l’islam que véhicule l’État islamique. Comme l’explique le quotidien français La Croix, une page Facebook est alimentée par des responsables religieux et universitaires « modérés ».
À la mi-août, le grand mufti d’Arabie saoudite, Abdel Aziz Al-Cheikh, avait qualifié l’État islamique d’ « ennemi numéro un de l’islam », et avait appelé les musulmans à le « combattre ».