Mahmoud Abbas capitule devant Obama et Netanyahou sur les crimes de guerre à Gaza

Redaction

abbas L’indignation est générale, en Palestine occupée comme dans le reste du monde, après la honteuse capitulation de l’Autorité Palestinienne sur la question des crimes de guerre perpétrés à Gaza par l’armée israélienne.

Le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, à Genève, devait adopter une résolution entérinant les conclusions de la commission d’enquête des Nations-Unies sur les massacres de Gaza, dite « commission Goldstone », du nom de son président le magistrat sud-africain Richard Goldstone.

Le rapport Goldstone pointe les responsabilités écrasantes du gouvernement et de l’armée israéliens dans l’opération « Plomb Durci », où 1.400 Palestiniens, principalement des civils, ont trouvé la mort. Le rapport Goldstone critique également les tirs de roquettes palestiniens sur le territoire israélien, qui ont provoqué la mort de 3 civils israéliens au cours de la même période.

L’Autorité Palestinienne, qui a le statut d’observateur au Conseil des droits de l’Homme de Genève, avait préparé une résolution en ce sens, procédure ouvrant la voie au dépôt de plaintes, contre des dirigeants israéliens, civils et militaires, devant la Cour Pénale Internationale (CPI) à La Haye.

L’adoption de la résolution à la majorité était d’avance acquise, même sans l’aval des puissances occidentales, les représentants des pays africains arabes et musulmans pouvant d’emblée compter sur le renfort de plusieurs dizaines d’autres pays du Sud.

Mais Israël et les Etats-Unis ont fait pression sur leurs laquais de l’Autorité Palestinienne pour qu’elle laisse tomber. Après quelques heures de valse-hésitation, Abbas et ses adjoints corrompus ont obtempéré, promettant que le report à mars 2010 de l’adoption du rapport Goldstone n’avait aucune importance !

Netanyahou, en digne héritier de Sharon, s’est même offert le luxe d’ajouter l’offense à l’humiliation. Il a remué le nez de Mahmoud Abbas dans la boue (pour ne pas dire plus), en déclarant : « Il est quand même étonnant que l’Autorité Palestinienne dénonce aujourd’hui notre opération anti-terroriste, alors qu’elle avait fermé les yeux quand nous l’avons lancée l’année dernière ».

Dimanche à la mi-journée, un membre au moins du gouvernement d’Abbas, le ministre de l’Economie Bassem Khoury, avait annoncé sa démission, en signe de protestation contre la capitulation devant les crimes de l’occupant.

Mais la colère gronde, plus généralement, dans l’ensemble de la société palestinienne.

Le collectif PNGO, qui regroupe l’ensemble des associations palestiniennes de défense des droits de l’homme (Adalah, Addameer, Aldameer, Al Haq, Al Mezan, Badil, Civic Coalition for Jerusalem, DCI-Palestine, ENSAN Center, Independent Commission for Human Rights, Jerusalem Legal Aid and Human Rights Centre, Palestinian Centre for Human Rights * Ramallah Centre for Human Rights Studies * Women’s Centre for Legal Aid and Counselling) a dénoncé la forfaiture en termes sévères :

Ce renoncement dénie, en pratique, au peuple palestinien l’accès au droit et à la protection de la loi. Il représente la victoire des manœuvres politiciennes sur les droits de l’homme. Il est une injure faite aux victimes et à leurs droits. (…) Les crimes documentés dans le rapport de la mission des Nations-Unies témoignent des violations les plus graves du droit international ; le magistrat Goldstone a conclu qu’il disposait de preuves établissant que des crimes contre l’humanité ont été perpétrés dans la bande de Gaza. Les découvertes effectuées par la mission corroborent des enquêtes antérieures, conduites par des organismes indépendants, tant palestiniens qu’israéliens et internationaux (…) Nous, organisations de defense des droits de l’homme, condamnons avec fermeté la décision de la direction palestinienne de différer l’adoption du rapport de la mission d’enquête », déclare le PNGO.

Tollé à Gaza aussi, où le gouvernement dirigé par le Hamas n’a fait que constater la trahison : « Abou Mazen a torpillé tous les efforts des organisations de défense des droits de l’homme qui espéraient rendre justice aux habitants de Gaza. Quelle meilleure preuve que l’Autorité palestinienne a en fait soutenu la guerre ? « , a ainsi commenté Fawzi Barhoum, un porte-parole du Hamas.

Toujours dans la bande de Gaza, le psychiatre Eyad Sarraj, une personnalité de la société civile ni adhérente, ni sympathisante du Hamas, est encore plus sévère : « L’Autorité palestinienne ne représente plus le peuple palestinien. C’est une capitulation intégrale ».

Au niveau international, aussi, le dégoût est de mise.

La grande ONG Amnesty International, après avoir fait preuve, pendant des années, d’une compréhension malsaine pour les agissements israéliens, a commencé à y voir un peu plus clair depuis la tuerie de Gaza.

Amnesty International a donc condamné la capitulation intervenue vendredi à Genève, et exigé que les Secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki Moon, se saisisse lui-même du dossier des crimes contre l’humanité commis par Israël, et le transmette au Conseil de Sécurité des Nations-Unies.

Fait inusité, la section israélienne d’Amnesty International, dont le rôle avait été jusqu’à présent de freiner toute critique du gouvernement israélien par l’ONG internationale, se retrouve aujourd’hui elle aussi contrainte de montrer (un peu) les dents. Son directeur, Itay Epstein, vient d’appeler publiquement le gouvernement israélien à « traduire en justice ceux qui ont semé la mort et la désolation ».

(CAPJPO-EuroPalestine)