Un député se dit prêt à envoyer à Londres une équipe de rapporteurs iraniens sur les droits de l’homme.
La République islamique d’Iran tient sa solution pour mettre fin aux émeutes qui touchent le Royaume-Uni depuis samedi : l’envoi d’un groupe de rapporteurs iraniens pour enquêter sur les « violations des droits de l’homme » en Angleterre. C’est en tout cas ce qu’a annoncé, mardi, le député Hossein Ebrahimi, chef de la commission de la Sécurité nationale et de la Politique étrangère du Parlement iranien, selon l’agence de presse semi-officielle Fars. D’après le député, le groupe en question souhaiterait interroger les « détenus politiques » anglais dans le but de rédiger un rapport sur les traitements infligés aux manifestants anglais.
Hossein Ebrahimi en a profité pour presser le gouvernement anglais, ainsi que l’ambassade britannique à Téhéran, de faciliter une telle visite « sans invoquer de fausses excuses ». Le député n’est pas le seul représentant iranien à tancer les autorités britanniques. Mardi matin, c’est le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Ramin Mehmanparast, qui a appelé la police britannique à la « retenue », avant de conseiller au gouvernement anglais d’entamer un dialogue avec les manifestants afin d' »apaiser la situation ». Des mots pour le moins étonnants dans la bouche d’un régime dont les forces de sécurité sont responsables de la mort, en 2009, d’au moins 150 manifestants pacifiques qui avaient contesté la réélection de Mahmud Ahmadinejad à la présidence du pays.
L’Iran refuse le rapporteur de l’ONU
Plusieurs milliers de personnes avaient également été arrêtées pour « conspiration contre l’État » et « liens avec les puissances étrangères ». Ironie du sort, l’Iran a arrêté le 28 juin 2009 neuf employés locaux de l’ambassade britannique à Téhéran pour avoir « fomenté des troubles ». S’alarmant de la dégradation des droits de l’homme en Iran, l’ONU a nommé, en mars, le Maldivien Ahmed Shaheed rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme dans le pays. Une nomination qu’a catégoriquement rejetée la République islamique, précisant qu’elle ne l’autoriserait pas à pénétrer à l’intérieur du territoire iranien.
Un Britannique de 26 ans a succombé mardi à ses blessures et plus de 650 personnes ont été arrêtées à Londres et Birmingham, après trois nuits consécutives d’émeutes, durant lesquelles de jeunes gens masqués ont pillé des magasins et mis le feu à des immeubles. Cette crise sans précédent a amené le Premier ministre britannique David Cameron à écourter ses vacances pour annoncer la tenue, jeudi, d’une réunion extraordinaire du Parlement britannique, ainsi que l’augmentation des effectifs policiers, les faisant passer de 6 000 à 16 000 à Londres dès mardi soir. Les manifestations qui secouent la Grande-Bretagne ont commencé samedi à Tottenham, à l’occasion de la commémoration du décès de Mark Duggan, citoyen noir de 29 ans, tué par balle par la police qui menait une opération anti-criminalité.
(lepoint.fr)