Maroc : Nouvel acteur sur la scène des télécommunications ?

Redaction

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Le Maroc suit la tendance qui prévaut dans le reste de l’Afrique en matière d’acquisition transfrontalière de sociétés de télécommunications: selon des rapports médiatiques, le pays peut voir l’entrée d’un acteur multinational dans son secteur de téléphonie mobile, suite a la déclaration de France Télécom qui s’intéresse à pénétrer le marché.

L’arrivée du géant français stimulera sans doute la concurrence sur un marché de plus en plus considéré comme un exemple régional à suivre à cause de sa complexité et de son niveau de croissance.
Tom Wright, un porte-parole de la société, a déclaré aux médias à la mi-août que France Télécom « confirmait son intérêt pour le marché marocain des télécommunications ». Il a cependant refusé de commenter une nouvelle rapportée par un journal marocain, selon laquelle l’entreprise prévoyait d’acheter 40% des actions de Méditel pour quelque 650 millions d’euros.

L’intérêt de France Télécom pour le Maroc fait partie d’un programme d’acquisition de 9 milliards d’euros visant à consolider les activités africaines de la société, à un moment où la croissance nationale est au ralenti. En effet, selon les déclarations effectuées en juin dernier par Marc Rennard, le directeur général pour l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie, la société considère quatre ou cinq acquisitions dans la région, alors qu’elle est déjà présente dans 14 pays du continent par le biais de la marque Orange.

La société française a de bonnes raisons de s’intéresser au Maghreb en général et au Maroc en particulier. En effet, d’une part, le marché avancé des télécommunications du pays est un bon indicateur en matière de développement du secteur pour le reste de l’Afrique et, d’autre part, le rival français Vivendi possède 53% de Maroc Télécom (MT).

Actuellement, la part de MT sur le marché de la téléphonie mobile s’élève à 64% et la société est en concurrence avec deux opérateurs de réseau de téléphonie mobile, Méditel, qui a pénétré le marché en 2000 et qui en détient 34%, et Wana, qui a réussi à gagner 2% de part du marché depuis le début de ses activités en 2008.

La région du Moyen-Orient et celle d’Afrique du Nord dans leur ensemble sont considérées comme propices à la croissance et, selon un rapport publié en juillet dernier par la société de conseils Pyramid Research basée aux Etats-Unis, durant les cinq prochaines années, la concurrence augmentera sur les marchés de la téléphonie fixe et mobile du Maroc.

Dans ce rapport, intitulé « Morocco: New Mobile Competitors Boost Market Share », on estime que le marché marocain des télécommunications verra son taux de croissance composé augmenter de 3.1% (on passera donc de 4.9 milliards de dollars à 5.7 milliards de dollars) entre 2010 et 2015. On y prévoit également que les services de téléphonie vocale et de transfert de données représenteront 69.5% des recettes totales en 2015, alors qu’elles étaient à 67.6% en 2009.

Les lignes téléphoniques fixes comptaient pour 26.8% des recettes totales en 2009, mais ce pourcentage devrait baisser à 21% d’ici 2015 puisque la croissance de la téléphonie mobile continue. Par ailleurs, les recettes de la voix par protocole de l’internet (VoIP) devraient connaître un taux de croissance composé de 39.4%, passant de 8 millions de dollars cette année à 41 millions de dollars d’ici 2015.

La dynamique de marché est en train de changer, notamment depuis l’entrée sur le marché de Wana et la récupération par cette dernière d’un million de clients pendant ses quatre premiers mois de services, spécifie le rapport.

« Le nouvel environnement devrait avoir un effet notable sur la part des recettes de MT, qui devrait baisser de 13% dans les cinq prochaines années pour atteindre 59.6% d’ici 2015 », a déclaré Mehdi Ben Saïd, un analyste confirmé chez Pyramid Research. « De plus, de nouvelles initiatives et promotions commerciales mises en place au début 2009 par Méditel augmentent les parts de marché de celle-ci. C’est donc MT qui pâtit du ralentissement de la croissance globale. »

Même s’il est prévu que les parts de marché de MT diminuent, la société est encore à la tête du secteur. En effet, elle a récemment annoncé ses résultats pour la première moitié de 2010 et son chiffre d’affaires a augmenté de 6% par rapport à l’année dernière et atteint les 15.5 milliards de dirhams (1.4 milliard d’euros). Le président du conseil d’administration a expliqué que la croissance était réalisée grâce à de bons résultats sur le marché local et dans les sociétés affiliées à l’étranger.

De plus, la société réunissait 23.6 millions de clients au 30 juin, soit une augmentation de 20% par rapport à 2009. Les profits nets ont cependant baissé de 4.1% par rapport à l’année précédente et s’élèvent à 4.45 milliards de dirhams (401 millions d’euros). Cette baisse est due à la hausse des frais financiers entraînés par les investissements et l’acquisition de Sotelma, une compagnie de télécommunications malienne.

Les résultats de Méditel pour la première moitié de 2010 étaient également prometteurs. La société a déclaré des revenus, avant les intérêts, les impôts, la dépréciation et l’amortissement, de 1.01 milliard de dirhams (91 millions d’euros), soit une augmentation de 7.3% par rapport à la même période l’année dernière et 2.72 milliards de dirhams (245 millions d’euros) de profits, une hausse de 12% par rapport à 2009. Le nombre de clients de la société a également crû de 15%.

Le secteur qui a connu la plus grande croissance sur le marché de la téléphonie mobile est sans conteste celui des services sans fil de troisième génération. Le marché de large bande était dominé par le service de ligne téléphonique numérique asymétrique (ADSL) de MT, cependant depuis début 2010 quelque 60% des consommateurs de large bande utilisent des services sans fil de troisième génération. Cette croissance devrait se poursuivre puisque la pénétration de la téléphonie mobile, qui s’élève à 80%, engendre davantage de potentiel que le réseau de lignes fixes de MT.

Selon le rapport de Pyramid Research, les ventes de combinés de troisième génération devraient représenter 24.1% du marché total des combinés à la fin de 2010. « Le boom du marché de troisième génération et l’augmentation du pouvoir d’achat des Marocains créent une importante occasion commerciale », a déclaré M. Mehdi.

En effet, ces chiffres laissent penser qu’il y a de bonnes chances que d’autres opérateurs considèrent de se joindre au groupe. Dans la mesure où l’on prévoit une poursuite de la croissance et une augmentation du passage vers les services de troisième génération, qui permettraient aux opérateurs de bénéficier de nouvelles sources de revenus dans des domaines tels que les services à valeur ajoutée et de données, on peut considérer que ce secteur en pleine croissance est un pari sûr.

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