Maroc : le directeur d'Al Michaâl condamné à un an de prison ferme.

Redaction

Le directeur de l’hebdomadaire arabophone Al Michaâl, Idriss Chahtane, a été condamné jeudi à un an de prison ferme par un tribunal de Rabat pour avoir publié des articles contestés sur la santé du roi Mohammed VI.

Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé vendredi 16 octobre l’arrestation à Rabat du directeur de publication d’un magazine marocain, condamné à un an de prison pour des articles publiés en septembre sur la santé du roi Mohammed VI.
Le directeur de l’hebdomadaire arabophone Al Michaâl, Idriss Chahtane, a été condamné jeudi à 1 an de prison ferme par un tribunal de Rabat pour avoir publié des articles contestés sur la santé du roi du Maroc Mohammed VI, a-t-on appris de source judiciaire.
Le tribunal a également infligé une amende de 10.000 dirhams (environ 885 euros) à l’encontre de Driss Chahtane et ordonné son incarcération immédiate, a-t-on précisé de même source.
Driss Chahtane a déclaré à RSF que deux autres journalistes d’Al Michaâl Hebdo, Rachid Mahamid et Mustapha Hayrane, avaient quant à eux été condamnés à trois mois de prison ferme. Ceux-ci devront en outre payer une amende de 5.000 dirhams (440 euros) chacun et assumer les frais du procès.

« publication malintentionnée d’une fausse information »

Après ces condamnations, RSF a exprimé sa « plus vive inquiétude à l’approche des autres procès contre la presse qui doivent se tenir tout au long du mois« .
Idriss Chahtane était poursuivi pour « publication malintentionnée d’une fausse information », « allégations et faits non véridiques », Rachid Mahamid et Mustapha Hayrane pour participation.
Début septembre, le procureur général avait annoncé avoir ordonné à la police d’ouvrir une enquête « minutieuse » sur Al Michaâl et un autre hebdomadaire arabophone indépendant, Al Ayam, pour publication de « faits mensongers et de fausses informations« .
Le 26 août, le palais royal avait annoncé que le roi Mohammed VI avait été placé en convalescence pour cinq jours en raison d’une « infection » ne présentant « aucune inquiétude sur sa santé« .
Le roi « présente une infection à rotavirus avec signes digestifs et déshydratation aiguë nécessitant une convalescence de cinq jours« , avait indiqué le communiqué signé par le professeur Abdelaziz Maaouni, médecin personnel du roi.
liberte-presse-L-1-175x130 Fin août, Idriss Chahtane avait publié un article intitulé « Al Michaâl dévoile les raisons du communiqué du Palais au sujet de la maladie du roi qui a inquiété l’opinion publique ».
Al Michaâl avait également publié une interview d’un médecin, Mohamed Ben Boubakri, intitulée: le virus « rotavirus, sa cause est l’immunodéficience… ou l’allergie« .

Censure

Le directeur d’un autre journal, Al Jarida Al Oula, est lui aussi poursuivi pour avoir publié une « fausse information » sur la santé du roi. Son procès, commencé le 29 septembre, reprendra le 21 octobre.
Le Maroc, pourtant l’un des pays arabo-musulmans les plus libéraux, a multiplié les pressions sur les médias récemment, en particulier sur ceux qui évoquent la famille royale, notamment par des caricatures.
Début août, le pouvoir a censuré le journal français Le Monde et deux magazines marocains qui publiaient un sondage -plutôt flatteur- sur le bilan des dix ans de règne du roi Mohammed VI. Le porte-parole du gouvernement de Rabat avait affirmé qu’il s’agissait de faire « respecter le caractère sacré de la monarchie« .

(Nouvelobs.com)