Comment se passe le Ramadhan pour les 20 millions de Chinois musulmans ?

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La Chine est rarement associée à l’Islam. Et pourtant, ce pays compte plus de 20 millions de musulmans, selon les estimations officielles. Pour la seconde halte de son tour du monde ramadanesque, Algérie-Focus vous propose de découvrir les traditions souvent méconnues que les musulmans de l’Empire du milieu adoptent tout au long de ce mois sacré.

Qui sont les musulmans de Chine ?

On retrouve des musulmans dans presque toutes les régions de Chine, bien qu’ils se concentrent principalement dans les provinces du nord-ouest. Dix ethnies différentes composent cette population fidèle à l’Islam. Les deux minorités les plus importantes sont les Huis avec 9,8 millions de personnes et les Ouïghours, un peuple turc qui compte 8,4 millions de personnes et qui vit dans la province du Xinjiang. Les autres musulmans appartiennent à d’autres populations telles que les Kazakhs, les Dongxiang, les Kirghizes, etc. 99% des musulmans en Chine sont sunnites, les autres sont chiites.

Dans le Xinjiang, un Ramadhan sous haute tension

Au nord-ouest, dans la province du Xinjiang, le Ramadhan se déroule depuis plusieurs années dans un contexte de vives tensions entre les autorités chinoises et les Ouïghours musulmans. Depuis les émeutes meurtrières qui ont eu lieu en 2009, les autorités tentent de restreindre la pratique de l’Islam, notamment du Ramadhan en interdisant le jeûne. En 2012, par exemple, le gouvernement de Xinjiang avait interdit aux cadres du Parti communiste, aux officiels et aux étudiants de « participer aux activités religieuses du Ramadhan » telles que le jeûne et la visite des mosquées. Des pressions réitérées cette année. Pour autant, ce climat de tensions n’empêche pas les communautés musulmanes chinoises de poursuivre la pratique de leur culte, implanté sur le territoire depuis plusieurs siècles.

A la croisée des cultures

Les prémices de l’Islam en Chine remontent aux premiers temps de l’expansion musulmane, entre 616 et 650 selon les versions. Cette religion a donc eu le temps de s’implanter sur le territoire mais également d’être fortement influencée et façonnée par la société chinoise. Les traditions des musulmans de ce pays proviennent à la fois des cultures islamiques et chinoises. L’un des meilleurs exemples de ce mélange est sûrement l’architecture des mosquées du pays, dont certaines ont la forme de pagodes chinoises (principalement à l’est du pays) tandis que d’autres se rapprochent plus de la forme des mosquées d’Asie centrale.

La Grande Mosquée de Xi’an, construite au 8e siècle, à l’architecture fortement influencée par la tradition chinoise

La nourriture est elle aussi très significative de l’influence culturelle chinoise. A Pékin, ce sont les nouilles chinoises, les soupes et le mantou  (une brioche chinoise cuite à la vapeur) qui sont à l’honneur au moment de la rupture du jeûne. Dans la région du Xinjiang, à la tombée de la nuit, de nombreux musulmans dégustent du chuanr, un plat typique de la cuisine Uygur, qui se rapproche d’une forme de kebab. Ce sont des brochettes de viande, traditionnellement d’agneau ou de mouton, rôties au barbecue et assaisonnées avec du cumin, du poivre, du sel et du sésame ou de l’huile de sésame.

Du mass iftar à l’Aïd el Fitr

Une tradition largement suivie par les Chinois musulmans et qui existe dans d’autre pays consiste à se réunir en masse dans les mosquées au moment de la prière du maghreb. Au cours de ces mass iftar, les fidèles prennent alors tous ensemble leur repas qui marque la rupture du jeûne, vont ensuite prier et ne quittent pas le lieu de culte avant la fin des tarawih.

Pendant le Ramadhan, les fidèles musulmans se réunissent du maghreb à la fin des tarawih dans les mosquées du pays

Une fois les 29 ou les 30 jours de carême accomplis et autant d’iftar passés en groupe dans les quelque 20 000 mosquées du pays, les musulmans de Chine célèbrent l’Aïd el Fitr. La journée commence comme partout : ils portent des habits neufs et effectuent la grande prière de l’Aïd. Une fois celle-ci achevée, ils vont au cimetière pour rendre hommage à leurs ancêtres, récitent des versets du Coran et jettent du riz sur les tombes. Ils se réunissent ensuite en famille pour le reste de la journée.