Sur le dossier syrien, une question plus que toutes les autres taraude les services de renseignements des puissances occidentales : et si les réserves en armes chimiques du régime de Bachar al Assad tombaient entre les mains de groupes de rebelles affiliés à Al Qaida.
Dans le chaos de la guerre qui engloutit jour après jour la Syrie, le régime de Bachar al Assad, qui lutte pour se maintenir au pouvoir, a de plus en plus de difficultés à contrôler son stock d’armes. Plus les combats se prolongent et plus les rebelles syriens grignotent du terrain, plus les réserves en armes chimiques sont menacées. Même s’il est prématuré d’avancer que les rebelles ont bien mis la main sur des stocks d’armes, il n’en demeure pas moins que les conditions sur le terrain rendent de plus en plus possible ce pillage, a soutenu un responsable de l’Otan. Ainsi, à al Safira, petite ville située dans la vallée d’Alep, qui abrite l’une des plus importantes usines de production d’armes chimiques, Jabhat al-Nusra, la faction rebelle la plus puissante et qui a prêté allégeance à Al Qaida, est passée tout près de mettre la main dessus fin avril.
Assez pour faire exploser le métro de New York
Si le scénario tourne en la faveur de cette milice, formée en Irak et rodée aux âpres combats, les habitants des pays occidentaux pourront vivre un véritable cauchemar. En effet, il leur suffit d’un seul bidon de gaz sarin, une substance plus mortelle et toxique que le cyanure, pour faire un carnage dans le métro londonien ou new yorkais.
La Syrie, le quatrième pays le mieux armé au monde
En alerte, les services de renseignements occidentaux surveillent les mouvements d’armes sur le sol syrien d’autant plus que Damas détient le plus important dispositif d’armement du Moyen-Orient et le quatrième au monde. Un arsenal que le régime de Bachar al Assad essaye de mettre à l’abri des forces rebelles en le déplaçant régulièrement. « Le Président al Assad a très bien réussi à cacher les armes partout dans le pays », estime Dina Esfandiary, experte sur les armes de destruction massive syriennes et chercheuse à l’Institut international pour les recherches stratégiques. Avec un arsenal dispersé sur tout le territoire syrien, les puissances occidentales ont fort à faire pour sécuriser les stocks d’armes, notamment les armes chimiques. En décembre, le Pentagone avait averti la Maison blanche qu’un contingent de 75 000 hommes – soit la moitié des effectifs envoyés en Irak – serait nécessaire pour éviter un pillage des réserves en armes de la Syrie. Une option peu envisageable car cela reviendrait à envahir la Syrie, à l’instar de l’occupation de l’Irak après la Seconde guerre du Golfe, et parce qu’elle s’attirerait sur-le-champ les foudres des deux camps ennemis.
Sceptiques, certains analystes doutent de l’usage des armes chimiques par les forces rebelles syriennes même si celles-ci parviennent à les détourner. L’utilisation de ces armes, prévues à des fins militaires, requièrent des compétences et des moyens techniques que n’ont pas les rebelles, considèrent-ils. Mais Al Qaida a toujours juré vouloir recourir à des armes chimiques contre des cibles occidentales. Et les transfuges du régime de Bachar al Assad, en fournissant leur savoir-faire technique, pourraient bien l’aider à y parvenir.