La révolution tunisienne est peu à peu en train de se transformer en une crise sociale dont les islamistes au pouvoir peinent à trouver l’issue.
Depuis des mois, des manifestations et des grèves touchant divers secteurs tels les services publics ou le transport ont lieu a répétition à travers le pays.
Mais près de deux ans après la révolution qui a mis fin au règne de Zine El Abidine Ben Ali, le problème demeure entier, en témoignent les récentes manifestations à Siliana, au sud-ouest de Tunis. Les populations de l’intérieur de la Tunisie, qui sont historiquement les plus marginalisées, ne semblent pas voir leur quotidien s’améliorer et c’est précisément au sein de ces régions que la déception et le mécontentement semblent s’agrandir de jour en jour. Car si la nature arbitraire du régime de l’ancien président Ben Ali a été un facteur de la révolte, c’est avant tout la misère et le chômage, en particulier des jeunes, qui a motivé les foules.
Les investisseurs fuient la Tunisie
Selon de nombreux spécialistes du pays, le chômage s’établit officiellement autour de 18% de la population active, soit quelque 700 000 personnes sans emploi. Ces douze derniers mois, de nombreuses régions se sont enfoncées dans la crise, et bien souvent, il s’agit de celles qui étaient déjà déshéritées. Ainsi, le ministère de l’Industrie relève qu’à Sidi Bouzid, le berceau de la révolution, les investissements ont baissé de 30% sur les dix premiers mois de 2012, par rapport à la même période l’année d’avant, et les offres d’emplois de 22%.
Le gouvernement Ennahda ne semble pas proposer de solutions concrètes pour remédier à la pauvreté de la société tunisienne. Il ne dispose par ailleurs d’aucune ressource financière pour répondre à la demande des chômeurs et calmer leur frustration. La région de Siliana, qui a connu 5 jours d’émeutes au mois de novembre qui ont fait 300 blessés, connaît une chute de 44,5% des investissements et de 66,3% de l’emploi.
Des tensions dans la classe politique
Le climat général est alourdi par les conflits continuels entre les islamistes d’Ennahda et leurs opposants, bloquant l’adoption d’une nouvelle Constitution et la voie vers des élections, indispensables pour permettre des réformes nécessaires au pays. A chaque nouvelle flambée de violence, le parti au pouvoir et l’opposition s’accusent mutuellement d’œuvrer en faveur des forces «contre-révolutionnaires» et semblent bien loin des réelles préoccupations du peuple.
LS