Plus d’une année après sa chute et son emprisonnement, l’ancien chef d’Etat égyptien, Hosni Moubarak sort de sa réserve. Il accuse les Américains et les Israéliens d’être derrière les troubles que connaît actuellement le monde arabe.
Lors d’un entretien accordé au quotidien égyptien El Fadjr, le Raïs déchu dit ne pas reconnaître le caractère « révolutionnaire » des évènements vécus par son pays l’an dernier. Il qualifie cela de « soulèvement » du essentiellement à la mal vie que vit son peuple. « Que les gens se soulèvent contre la misère et la famine, cela relève de leur droit. Mais de là à parler de révolution, c’est faux », dit-il du fond de sa prison d’Alexandrie. Le Raïs ajoute que les services secrets l’avaient averti de l’imminence d’un soulèvement.
Mais suite à l’insistance de ses proches, notamment de son fils Djamel, en qui fait « une confiance aveugle », il n’a pas pris les choses au sérieux. Pis, même lors que la révolte a commencé, son fils, qui devait lui succéder à la tête de l’Etat, voulait « se battre jusqu’à la fin ». Mais Moubarak, qui avoue avoir « fait des sacrifices pour offrir aux Égyptiens une vie décente », voulait partir.
Hosni Moubarak croit dur comme fer que ce qui se passe dans la région est un complot ourdi fomenté par les Américains et les Israéliens. « Ils ont commencé par déstabiliser la Libye, l’Egypte et maintenant la Syrie. Il ne reste plus que la Jordanie », a-t-il dit. L’objectif de tout cela étant d’affaiblir, à ses yeux, tous les pays qui peuvent constituer une menace à l’Etat hébreu. Car, a-t-il fulminé, les islamistes ne peuvent pas constituer une réelle alternative aux gouvernements en place.
Le Raïs déchu croit aujourd’hui que l’armée de son pays, à sa tête le Maréchal Tantaoui, l’a trahie. Il a indiqué, selon le journal, que celui qui était ministre de la Défense avait refusé le poste de vice-président, attribué par la suite à Omar Soleiman, aujourd’hui décédé. « Il m’avait dit que l’armée ne tirera jamais sur le peuple », révèle encore Moubarak. Malgré tout, ce dernier projette que ses compatriotes « connaîtront sa valeur dans 20 ans », car, a-t-il poursuivi, « j’ai mendié pendant 30 ans pour offrir une vie meilleure aux Égyptiens ».
Essaïd Wakli