Maroc: Solutions de Logement

Redaction

Après un ralentissement dans le domaine de l’immobilier entraîné par la récession mondiale et l’élimination en 2008 de l’allègement fiscal dont bénéficiaient les promoteurs de logements destinés aux foyers à faibles revenus, le gouvernement marocain a réintroduit des mesures incitatives liées au logement abordable dans son budget de 2010.
La Loi de Finances 2010, qui se trouve actuellement à l’étape finale de l’examen parlementaire, accordera aux promoteurs immobiliers des exemptions d’impôts sur les gains en capital et le ciment. L’habitat social est défini par le gouvernement comme un logement vendu pour moins de 200 000 dirhams marocains (18 000 euros). Cependant, les promoteurs de résidences universitaires bénéficieront également de mesures fiscales incitatives.

« Les avantages accordés [aux promoteurs] permettront un retour de l’investissement dans l’immobilier, avec tout ce que cela peut entraîner comme conséquences en matière d’ouverture de nouveaux chantiers, de création d’emplois et de vente de matériaux de construction », a expliqué dans un communiqué de presse, à la fin 2009, le président de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers, Youssef Ben Mansour. Les personnes à revenus modestes souhaitant acheter une maison bénéficieront également d’un rabais sur la taxe sur la valeur ajoutée de 40 000 dirhams marocains (3 585 euros), alors qu’il était de seulement 30 000 dirhams marocains (2 689 euros), ainsi que d’une exemption des taxes d’enregistrement.

Étant donné que, sur le marché, l’habitat social constitue environ 70% de la demande, il est impératif que le Maroc accélère la construction de logements de cette catégorie. « L’habitat social sera en crise en 2010 si rien n’est fait par l’Etat pour sauver le secteur », a affirmé Taoufiq Hejira, ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de l’Aménagement de l’Espace, lors d’une rencontre portant sur la Loi de Finances, en juillet 2009.

On estime à 1.2 million le nombre total de logements abordables manquants et on s’attend à ce que ce chiffre augmente de 125 000 annuellement. Seulement 35 000 logements sociaux ont été construits en 2009 alors que le chiffre s’élevait à 129 000 en 2008. Cette diminution est bien sûr due à la récession mondiale, mais également à l’abrogation, en 2008, des allègements fiscaux accordés aux promoteurs de logements sociaux. Pour remplacer cette mesure, tous les promoteurs immobiliers ont bénéficié d’un allègement fiscal de 50% l’année dernière, ce qui a poussé plusieurs d’entre eux à quitter le domaine du logement abordable pour augmenter leurs marges de profit.

Le promoteur local Addoha a annoncé une marge de profit de 25% l’année dernière alors qu’elle était de 65% en 2008. Afin de bénéficier des nouvelles mesures incitatives du budget, l’entreprise voudrait chercher du financement sur les marchés financiers. « Nous avons annoncé un objectif de 120 000 unités pour la période allant de 2010 à 2015, c’est pour cette raison que nous prévoyons cette augmentation de capital », a déclaré Anas Sefrioui, le président d’Addoha, à la presse internationale, en avril 2010.

La série de mesures incitatives prévues dans le nouveau budget s’ajoutent aux autres efforts fournis par le gouvernement marocain visant à réduire la pénurie de logement. En février 2009, l’Etat a accordé 52 milliards de dirhams marocains (4.6 milliards d’euros) pour des projets de logements sociaux et a offert 3 853 hectares de terrains publics pour la construction de 200 000 unités de logement.

Un des programmes clés du gouvernement visant à offrir un logement abordable s’intitule le Fonds de garantie en faveur des populations à revenus modestes et/ou irréguliers et octroie aux personnes ayant des revenus modestes ou irréguliers des prêts couvrant jusqu’à 70% du prix de leur maison. En effet, les banques commerciales hésitent à étendre les prêts immobiliers à la population à faibles revenus, ce qui accentue la crise immobilière, dans la mesure où la majorité ne peut financer seule l’achat d’une maison.

Villes sans bidonvilles est un autre programme qui fonctionne très bien et qui vise à démanteler les bidonvilles qui pullulent autour des grands centres urbains depuis quelques années à cause de l’exode rural. En septembre 2009, le gouvernement a rapporté que, depuis la création du programme en 2004, 138 000 personnes ont été replacées dans des logements officiels.

La pénurie de parcs de logements abordables empêche le Maroc d’exploiter pleinement son potentiel économique et nous ne parlons pas ici des effets sociaux négatifs de cette situation. Bien que le royaume ait maintenu une croissance continue tout le long de la récession (5.4% en 2009), la résolution de la crise du logement permettrait sans aucun doute d’améliorer encore ce chiffre.

Oxford Business Group