Mort de l'ayatollah Montazeri, grand opposant au régime iranien

Redaction

Le grand ayatollah Hossein Ali Montazeri, haut dignitaire religieux opposé au pouvoir en place en Iran, est mort à l’âge de 87 ans, rapportent les médias officiels. Ce décès du père spirituel des réformistes, qui n’avait jamais renoncé à faire entendre sa voix, pourrait raviver la contestation des autorités en place. Selon un site internet modéré, Parlemannews, des milliers d’Iraniens ont pris leurs dispositions pour assister aux obsèques qui auront lieu lundi à Qom, la ville sainte chiite située à une centaine de km au sud de Téhéran où vivait cette figure historique de la Révolution de 1979. Un des artisans de la fondation de la République islamique, Montazeri qualifiait en août l’actuel régime de « dictature ».

Il a été assigné à résidence pendant cinq ans, entre 1997 et 2002. Hossein Ali Montazeri avait été initialement nommé pour succéder au fondateur de la République islamique, Ruhollah Khomeini, dont il était proche depuis les années 1960. Mais il s’était querellé avec lui en 1989, protestant contre l’exécution en masse de prisonniers. Ce fut finalement l’actuel guide suprême de la Révolution, Ali Khamenei, qui prit la succession de Khomeini, mort la même année. « On se souviendra de lui comme d’un homme qui a sacrifié sa carrière politique au nom de ses convictions », a déclaré un analyste iranien installé à Londres, Baqer Moin.

« L’INFATIGABLE COMBATTANT »

L’agence de presse officieuse Fars a rapporté que les partisans de Montazeri s’étaient réunis dans ses locaux dimanche matin en apprenant son décès, qui a été annoncé en catimini par les médias officiels. Les chaînes de télévision n’ont pas fait leurs gros titres avec cette information. « Hossein Ali Montazeri s’est éteint la nuit dernière à son domicile », a rapporté l’agence Irna dans une dépêche, sans mentionner son titre de grand ayatollah. L’agence de presse officielle a déclaré que des « éléments problématiques » au sein de son foyer et des déclarations « appréciées par les ennemis de la République islamique » expliquaient sa brouille avec l’ayatollah Khomeini il y a vingt ans.

L’agence Fars a de son côté précisé que le grand ayatollah Yusof Saanei s’était rendu dimanche au domicile de Montazeri pour présenter ses condoléances à la famille. Dans un message diffusé sur son site internet, Saanei a déploré « la disparition du pieux théologien, de l’infatigable combattant islamique et du juriste exceptionnel ». Hossein Ali Montazeri fut l’un des rédacteurs de la constitution islamique iranienne. En août dernier, il avait estimé sur son site internet que la gestion par les autorités des troubles consécutifs à la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad en juin « pouvait aboutir à la chute du régime ».

Montazeri était un des critiques les plus virulents des élites religieuses au pouvoir, dont les dissensions se sont creusées face au mouvement de contestation du printemps. L’opposition réformiste estime que l’élection présidentielle du 12 juin a été manipulée afin d’assurer la victoire d’Ahmadinejad. Les autorités démentent ces accusations de fraude et présentent les vastes manifestations comme le résultat d’un complot ourdi par des puissances étrangères.

Reuters 3026059388-mort-de-l-ayatollah-et-dissident-iranien-montazeri