La conférence Genève II, réunissant les belligérants du conflit en Syrie, n’a rien donné. Le médiateur de l’ONU, Lakhdar Brahimi, a mis fin aux discussions improductives ce samedi.
Après trois semaines de discussions, la conférence Genève II, qui devait aboutir à la résolution du conflit syrien, n’a accouché de rien. La situation en Syrie se trouve plus que jamais dans une impasse.
La diplomatie et le savoir-faire de Lakhdar Brahimi, l’envoyé des nations unies auprès des belligérants syriens, n’y ont donc rien fait. Face à un tel discours de sourd, le médiateur algérien de l’ONU a préféré arrêter le rendez-vous genevois. « Je pense qu’il est préférable que chaque partie rentre et réfléchisse à ses responsabilités, et (dise) si elle veut que ce processus continue ou non », a déclaré ce samedi Lakhdar Brahimi, à la presse. Plus tôt dans la semaine, le diplomate algérien avait reconnu son impuissance. Un aveu qui augurait de la fin précoce de la conférence Genève II. « Je ne peux pas imposer un agenda à des gens qui ne veulent pas. Je ne peux pas pointer un pistolet sur leur tête […]. La majorité du peuple syrien leur dit « s’il vous plaît, trouvez quelque chose pour stopper ce cauchemar » […]. Ils finiront par écouter », avait-il déclaré mardi, précisant que lui-même avait «des tonnes de patience».
Lakhdar Brahimi a renvoyé les délégations pro-Bachar al Assad et anti-régime à la maison après le rejet de l’ordre du jour par les partisans du clan au pouvoir. « Le gouvernement considère que la question la plus importante est le terrorisme, l’opposition considère que la question la plus importante est l’autorité gouvernementale de transition (…) nous avons suggéré que le premier jour nous parlions de la violence et de combattre le terrorisme, et le second jour de l’autorité gouvernementale, étant bien clair qu’une journée sur chaque sujet ne saurait suffire », a expliqué le diplomate algérien, envoyé par l’ONU. « Malheureusement le gouvernement a refusé, provoquant chez l’opposition le soupçon qu’ils ne veulent absolument pas parler de l’autorité gouvernementale de transition », se désole Lakhdar Brahimi, qui s’est excusé auprès du peuple syrien « dont les espoirs étaient si grands ».
Aucune date de reprise du dialogue
Le seul compromis que le médiateur des nations unies a arraché aux deux délégations en trois semaines de débat est l’’accord de trêve dans la ville Homs, défigurée par les âpres combats. Plus d’un millier de personnes de la ville assiégée depuis un an et demi vont ainsi pouvoir être évacuées. Toujours sur le plan humanitaire, le Haut commissariat pour les réfugiés (HCR) a également mis en place un pont aérien pour acheminer 800 tonnes d’aide à Qamichli, dans le Nord-Est syrien depuis l’aéroport international de Damas, leur transport terrestre étant périlleux en raison des combats.
La suite ? Difficile de se prononcer sur la tournure des évènements en Syrie étant donné que la conférence de Genève a été reportée in sine par le médiateur de l’ONU. Il était prévu que ce deuxième cycle de négociations s’achève ce samedi mais les délégations représentant d’un côté le clan Bachar el Assad et de l’autres les rebelles devaient s’entendre en accord avec l’émissaire de l’ONU sur une date de reprise. Or aucune date de retour à la table des négociations n’a pour l’heure été annoncée. « J’espère que les deux parties vont réfléchir un peu mieux et reviendront pour appliquer le communiqué de Genève, adopté en juin 2012 par les grandes puissances comme plan de règlement politique de ce conflit qui dure depuis près de trois ans. J’espère que ce temps de réflexion conduira en particulier le gouvernement à rassurer l’autre partie (sur le fait) que quand ils parlent d’appliquer le communiqué de Genève ils comprennent que l’autorité gouvernementale transitoire doit exercer les pleins pouvoirs exécutifs. Bien sûr combattre la violence est indispensable », a conclu Lakhdar Brahimi.