La haut commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme a évoqué ce matin la « forte possibilité » qu’Israël ait commis des crimes de guerre à Gaza depuis le début de l’opération Bordure Protectrice.
« Il y a une forte possibilité que le droit international humanitaire ait été violé »
La haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Navi Pillay, s’est exprimée ce matin lors d’une session extraordinaire du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU. « Il y a une forte possibilité que le droit international humanitaire ait été violé, d’une manière qui pourrait constituer des crimes de guerre », a-t-elle déclarée, faisant référence notamment aux civils tués et aux destructions d’immeubles d’habitation à Gaza.
N. Pillay a demandé une enquête sur chacun des incidents survenus depuis le début de l’offensive israélienne à Gaza, pour déterminer si des crimes de guerre ont été commis par l’armée israélienne.
Dans son discours, elle a également dénoncé les attaques incriminées menées par le Hamas contre des zones civiles en Israël. « Une fois de plus, les principes de distinctions et de précaution ne sont pas clairement respectées durant les attaques incriminées menées à l’encontre de zones civiles par le Hamas et d’autres groupes palestiniens armés », a-t-elle déploré.
Session extraordinaire du Conseil des droits de l’Homme
La 21e session extraordinaire du Conseil des droits de l’Homme sur les territoires occupés de Palestine se tient depuis ce matin à Genève, à la demande de la Palestine et des pays arabes. Les pays européens et les États-Unis n’ont pas soutenu cette initiative.
La réunion s’est ouverte sur des déclarations du président du Conseil des droits de l’Homme, Baudelaire Ndong Ella, de la haut-commissaire aux droits de l’Homme, Navi Pillay, de la sous-secrétaire générale aux affaires humanitaires et coordinatrice adjointe des secours d’urgence au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), Kyung Wha Kang, et du chef de la section de droit international du département légal de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNWRA), Lance Bartholomeusz.
Devant une salle bondée et de très nombreuses caméras, l’ambassadeur d’Israël auprès de l’ONU a ensuite pris la parole. Lui qui fuit d’habitude ce genre de réunion a violemment attaqué le Conseil des droits de l’Homme, qu’il a accusé d’être partial dans sa prise de décision. Il a également reproché à l’ONU de n’avoir pas su protéger Israël, et a répété que le Hamas – et non Israël – s’était rendu coupable de crimes contre l’humanité.
L’ambassadeur de Palestine a répondu à ces accusations dans un discours enflammé qui lui a valu des applaudissements nourris.
Les déclarations qui ont suivi se sont concentrées sur la situation humanitaire à Gaza ainsi que sur les principes essentiels de proportionnalité, de précaution et de droit à l’assistance humanitaire en temps de guerre. Le terme « génocide » a été employé dans de nombreuses interventions. À plusieurs reprises, le président du Conseil des droits de l’Homme a appelé les participants à « réfréner les passions ».
En particulier, l’ambassadeur de Tunisie auprès de l’ONU a tenu un discours très virulent. Il a qualifié Israël d' »État terroriste qui agit comme les nazis ». « Faut-il que les victimes s’appellent Joseph et Marie plutôt que Youssef et Maryam », a-t-il crié dans la salle de réunion. Au bout des 2 minutes règlementaires, son micro a été coupé, mais l’ambassadeur tunisien a continué de dénoncer avec ferveur l’attitude d’Israël.
Une résolution pour condamner les violations des droits de l’Homme ?
Un projet de résolution sera soumis au vote à la fin de la session. Selon l’Agence France Presse, ce texte « condamne avec la plus grande fermeté les violations massives et systématiques des droits de l’Homme découlant des opérations militaires israéliennes dans les territoires palestiniens occupés depuis le 13 juin, en particulier l’offensive israélienne à Gaza » et « recommande aussi que la Suisse, comme État dépositaire des Conventions de Genève, convoque rapidement la conférence des États parties à la quatrième convention de Genève pour décider des mesures à prendre pour que la convention, un texte essentiel du droit humanitaire, soit appliquée dans les territoires palestiniens occupés, y compris à Jérusalem-Est ».