Le secrétaire d’Etat américain John Kerry est en voyage au Proche-Orient, pour sa dixième « navette » dans la région, depuis sa prise de fonction il y a un an. John Kerry a quatre jours pour tenter une nouvelle fois de rapprocher les vues des Israéliens et des Palestiniens et relancer le dialogue israélo-palestinien. Peine perdue ?
Autrefois, quand le secrétaire d’Etat américain faisait le voyage jusqu’en Israël et dans les Territoires palestiniens occupés, l’espoir renaissait dans les deux camps. En 2014, la visite du chargé des Affaires étrangères américain ne suscite gère d’enthousiasme des deux côtés. D’après un sondage publié mardi par l’Université hébraïque à Jérusalem, 51% des Israéliens estiment que les efforts américains échoueront (29%) ou n’auront aucun effet (22%) contre 39% seulement qui pensent qu’ils aboutiront. Un chiffre en baisse par rapport à un sondage similaire effectué en août 2009. Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a jeudi été le premier à recevoir John Kerry, en déplacement dans la région pour quatre jours. Il a aussitôt dégainé, accusant les Palestiniens de vouloir saboter les efforts produits par Israël et la diplomatie américaine. « On doute de plus en plus en Israël que les Palestiniens soient engagés pour la paix », a-t-il averti, mettant en cause l‘accueil chaleureux des 26 prisonniers palestiniens remis à leur famille la veille de la venue de John Kerry.
L’annexion de la vallée du Jourdain : un projet colonial sulfureux
Si les Israéliens misent peu sur le 10ème voyage de John Kerry dans la région, les Palestiniens se bercent encore moins d’illusion. Le Président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas reçoit ce vendredi soir à Ramallah le secrétaire d’Etat américain. Il évoquera certainement avec lui ce qu’il qualifie de « cancer de la colonisation ». Dernier projet colonial en date qui fait scandale en Cisjordanie : une loi votée quelques jours avant l’arrivée de John Kerry qui prévoit l’annexion de la vallée du Jourdain, un territoire palestinien enclavé en Cisjordanie, même en cas d’accord de paix. Cette nouvelle loi coloniale ampute la Palestine du plus gros morceau de son territoire depuis 1967, quand Israël avait annexé la partie orientale, supposée être la capitale de l’Etat palestinien, au lendemain de la guerre des Six Jours en 1967.
Et tandis que John Kerry tentera de défendre son projet « accord-cadre » traçant les grandes lignes d’un règlement final du conflit israélo-palestinien, Mahmoud Abbas pointera certainement du doit la recrudescence de la violence de l’armée d’occupation, présente en Cisjordanie et le long de la frontière de la bande de Gaza, toujours sous blocus. Dans la nuit de mercredi à jeudi, un Palestinien a perdu la vie après avoir inhalé des gaz lacrymogènes utilisés par l’armée israélienne pour disperser un rassemblement dans le nord de la Cisjordanie, selon des sources de sécurité palestiniennes. Un dialogue de sourd, en somme, et pas seulement entre les Palestiniens et les Israéliens.