Zéro limite. Une vidéo montre des soldats israéliens s’exerçant au maintien de l’ordre dans l’enceinte d’un cimetière musulman à Hébron, la plus grande ville du sud de la Cisjordanie.
Juqu’où ira l’armée israélienne ? Humiliation, intimidation … et maintenant profanation. D’après une vidéo, vraisemblablement tournée jeudi 31 octobre, des soldats de Tsahal ont participé à un exercice de maintien de l’ordre dans un lieu sacré : un cimetière musulman. La scène s’est déroulée dans le cimetière d’Hébron, la capitale du sud de la Cisjordanie. A la caméra, Yesh Din, un volontaire de l’ONG israélienne. Une association qui dénonce depuis plusieurs années la tenue de tels entraînements au cœur de villes et villages palestiniens.
« Ces images, qui traduisent un mépris total pour le caractère sacré de ce lieu, sont particulièrement choquantes », dénonce l’avocate de Yesh Din, Emily Schaeffer. De son côté, l’armée israélienne s’est dit en train de vérifier l’authenticité de ces images.
Dans cette vidéo de 2’28 minutes, on voit clairement deux groupes de soldats simuler une opération de maintien de l’ordre au milieu des pierres tombales. Les uns, armés, portent un uniforme tandis que les autres, habillés en civils, jettent des pierres dans leur direction.
Sans limite, les soldats israéliens semblent coutumiers des exercices dans les zones civiles. L’été dernier, une quinzaine de militaires ont été accusés de s’être introduits dans une maison palestinienne à Hébron alors que la famille prenait son petit-déjeuner.
« La population n’est jamais prévenue d’avance »
« Quel est le sens de venir ainsi jouer à la guerre chez les gens alors que l’armée israélienne dispose de bases dans lesquelles des villages entiers ont été reconstitués afin de permettre des entraînements en situation réelle? Ces pratiques sont d’autant plus choquantes que la population n’en est jamais prévenue à l’avance », déplore Emily Schaeffer, qui indique vouloir saisir la Haute cour de justice pour obtenir un plus strict encadrement de ces exercices.
La vidéo prise dans le cimetière d’Hébron intervient dans un contexte particulier. Il y a quelques jours, la doctrine israélienne en matière d’entraînement dans les zones civiles a été dévoilée pour la première fois. Dans un courrier publié dans le journal israélien Haaretz le 28 octobre, l’avocat militaire pour les affaires opérationnelles a justifié le recours à de telles pratiques à condition qu’elles soient utilisées avec discernement.
« En vertu des lois de l’occupation militaire, le commandement a le devoir de maintenir la sécurité et l’ordre public dans les territoires de Judée et Samarie », écrit-il, invoquant la nécessité d’organiser à cette fin des sessions entraînements, « parfois dans des zones peuplées ». « Toutefois, ajoute-t-il, il est clair que la mise en œuvre de ces exercices doit éviter de mettre en danger les populations, de causer des dommages à leurs propriétés ou de perturber, au-delà du raisonnable, leur vie quotidienne. »
« Principal et unique suspect de l’assassinat » de Yasser Arafat
Par ailleurs, l’armée israélienne est mise en cause dans la mort subite de Yasser Arafat en 2004. Le président de la commission d’enquête sur la mort de l’ex-leader de l’Organisation pour la Libération de la Palestine, Tawfiq Tiraoui, a désigné vendredi 8 novembre Israël comme « le principal et unique suspect de l’assassinat » du dirigeant historique palestinien, commentant les conclusions des rapports médicaux suisse et russe. Ces rapports, élaborés à partir d’échantillons biologiques prélevés le 27 novembre 2012 sur la dépouille de l’ancien chef de file palestinien, ont relancé la thèse de l’empoisonnement de Yasser Arafat. Toutefois, ces analyses scientifiques ne permettent pas d’affirmer à 100% « que le polonium a été la source de la mort » de l’ancien président de l’Autorité palestinienne. L’enquête sur les causes de la mort de Yasser Arafat suit son cours. On attend désormais le rapport français sur la question.