« Parité, nouveauté, diversité ». Telle pourrait être la devise du gouvernement formé par le premier ministre Jean-Marc Ayrault, au lendemain de la victoire du socialiste François Hollande au deuxième tour de la présidentielle française, le 6 mai dernier. Sur les 34 membres qui le composent, on dénombre deux français d’origine algérienne : Yamina Benguigui et Kader Arif. Sans oublier Faouzi Lamdaoui, nommé Conseiller à l’Elysée. Décryptage.
Yamina Benguigui, Ministre déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères, chargée des Français de l’étranger et de la Francophonie.
Carte d’identité : née en France de parents algériens en avril 1957, Yamina Benguigui se fait d’abord connaître en tant que productrice et réalisatrice. En 1998, son documentaire Mémoire d’immigrés remporte un immense succès public. Son engagement politique commence sur le tard, en mars 2008, lorsqu’elle est élue conseillère du 20ème arrondissement parisien puis nommée adjointe à la Mairie de Paris, en charge des droits de l’homme et de la lutte contre les discriminations.
Ses atouts : la cohérence de son engagement. On compare parfois Yamina Benguigui à Fadela Amara, (également française d’origine algérienne et militante PS qui fut nommée nommée Secrétaire d’Etat dans le gouvernement de François Fillon, en 2007). Mais si leurs itinéraires personnels se ressemblent, la nouvelle ministre déléguée chargée des Français de l’étranger et de la francophonie a l’avantage de ne pas avoir été « récupérée » dans un gouvernement de droite, comme ce fut le cas de Fadela Amara.
Son style. Alors que l’on avait reproché à Fadela Amara d’avoir un style trop « banlieue » en décalage par rapport à la fonction qu’elle occupait, le problème ne se posera pas avec Yamina Benguigui : avec une sœur responsable « Diversité » au Medef et un cousin directeur général de l’Association des maires d’Ile de France, elle connaît déjà sur le bout des doigts les codes du monde politique.
Kader Arif, ministre délégué auprès du ministre de la défense, chargé des anciens combattants.
Carte d’identité : Kader Arif est né à Alger en juillet 1959. Fils de harki, il s’installe avec sa famille dans le Sud de la France après l’indépendance de l’Algérie. Après des études dans le Sud de la France, il obtient une maîtrise en communication à l’Université Toulouse-le Mirail.
Son atout : un socialiste fidèle. Proche de Lionel Jospin et de François Hollande, Kader Arif est militant socialiste depuis 1983. En 2002, il entre au bureau national du parti socialiste. Et en 2004, il est élu député au Parlement européen. Dans l’équipe de campagne de François Hollande, Kader Arif était responsable du pôle « Coopération ».
Son point faible : un risque de défaite aux législatives. Candidat aux législatives dans la 10ème circonscription de Haute-Garonne, Kader Arif est confronté à deux conseillers généraux « dissidents » et exclus du parti socialiste après avoir refusé de se retirer de la course. Toutefois, en cas de défaite, Kader Arif ne pourra pas rester au gouvernement conformément à la règle énoncée par le premier ministre Jean-Marc Ayrault et selon laquelle tous les ministres battus lors des législatives du 10 et 17 juin devront quitter leur poste.
Faouzi Lamdaoui, coneiller à l’égalité et à la diversité.
Carte d’identité : né à Constantine en 1963, Faouzi Lamdaoui est arrivé en France à l’âge de 10 ans. Cet ingénieur logisticien entre au parti socialiste en 1992, et devient chef de cabinet de François Hollande pendant la campagne présidentielle… mais il manque son entrée au gouvernement et doit se contenter d’un poste de conseiller à l’Elysée.
Son atout : la fidélité à ses engagements. Comme Kader Arif, l’engagement socialiste de Faouzi Lamdaoui est ancien. Au sein du parti socialiste, il a toujours lutté pour promouvoir la diversité en politique ce qui lui valut d’être nommé en 2006 Délégué national auprès de François Hollande, en charge de l’égalité et de la lutte contre les discriminations.
Son point faible : bien qu’il ait été adjoint au Maire d’Argenteuil et conseiller municipal de cette ville (de décembre 2009 à juillet 2011), Faouzi Lamdaoui n’a jamais été élu député. Un point faible alors que la plupart des membres du gouvernement ont quant à eux décidé de relever le défi des prochaine législatives.