Une première dans l’histoire récente du monde arabe et de ce minuscule royaume qui compte seulement quelques 200 000 nationaux. L’émir qatari Cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani a annoncé ce mardi qu’il renonce de son plein gré au pouvoir au profit de son fils, le prince héritier Tamim.
La succession à la tête du royaume qatari s’est brusquement accélérée au cours des 24 dernières heures. Lundi soir, le palais avait invité dans un communiqué les Qataris à « prêter allégeance à son altesse Cheikh Tamim Ben Hamad Al-Thani, comme émir du pays ». Et ce mardi matin dans une allocution télévisée, l’émir Cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani a officialisé son départ du trône. « Le temps est venu d’ouvrir une nouvelle page » et de « confier les responsabilités à la nouvelle génération », a-t-il déclaré en guise d’adieu.
Proche de l’Occident et de l’Arabie Saoudite
Arrivé au pouvoir en 1995 par la force d’un coup d’Etat contre son père, l’émir du Qatar (61 ans) a donc décidé de céder son siège à son fils, faisant du prince héritier Tamim, âgé de 33 ans, le plus jeune souverain d’une monarchie du Golfe. Ce grand brun au visage barré d’une petite moustache est le quatrième fils de l’émir. Sa mère est la très influente Cheikha Moza, seconde épouse de l’émir. Familier des rouages du pouvoir, il préside le comité olympique du Qatar et contrôle l’important dossier du Mondial-2022 de football que le richissime émirat doit accueillir. Le prince Tamim est également passé commandant en chef adjoint des forces armées au cours des trois dernières années, confie une source diplomatique occidentale. Homme de consensus, le successeur de l’émir du Qatar entretient « d’excellentes relations avec l’Occident, notamment avec les Etats-Unis et la France », souligne la source diplomatique. Proche de la famille régnante saoudienne, Cheikh Tamim a contribué à assainir les relations entre le Qatar et l’Arabie Saoudite.
Avec ce changement à la tête du pays, un important remaniement ministériel est prévu pour rajeunir l’exécutif gouvernemental. Un remaniement qui verrait le départ du puissant Premier ministre Cheikh Hamad ben Jassem ben Jabr Al Thani, à ce poste depuis 2007. Mais d’après Neil Patrick, spécialiste des pays du Golfe, le prince Tamim « ne devrait pas décider de changements importants sans consulter son père ». Ainsi, le Cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani et son épouse la Cheikha Moza ne vont pas quitter de si tôt les arcanes du pouvoir.