Décidément, la France ne porte pas la Palestine dans son cœur. Après les déclarations polémiques du Président François Hollande (qui a depuis assuré Mahmoud Abbas de son soutien et exprimé sa tristesse face à à la mort de nombreux Palestiniens), la préfecture des Alpes-Maritimes a décidé d’interdire « tout rassemblement et défilé pro-palestiniens ».
Rassemblements interdits à Nice et à Lille
La décision de la préfecture des Alpes-Maritimes intervient suite à la demande du maire de Nice, Christian Estrosi. Dans une lettre ouverte envoyée ce matin au préfet, lettre que s’est procurée le quotidien Nice Matin, Christian Estrosi parle d’une « provocation intolérable » le jour de la fête nationale française.
« Depuis plusieurs jours, des manifestations liées au conflit du Proche-Orient se déroulent à Nice. En plus de ne pas être déclarées, certains membres de ces manifestations pro-palestiniennes bloquent souvent des axes stratégiques de la ville […] et scandent des slogans inacceptables tels « Israël assassin » ou « Nous sommes tous des Mohamed Merah ». Une nouvelle manifestation est annoncée aujourd’hui, 14 juillet, jour de fête nationale. Des rumeurs évoquent même des perturbations lors du traditionnel défilé que nous organisons. Même si je considère que le droit de manifester est un droit fondamental, j’estime que la tenue d’un tel rassemblement le jour de la fête nationale est une provocation intolérable. Le 14 juillet est en effet l’occasion pour les Français de rendre hommage à l’ensemble des forces de sécurité qui se battent chaque jour pour assurer la sécurité de notre pays mais aussi à l’ensemble de nos soldats qui sont engagés dans des conflits partout dans le monde », écrit le maire de Nice.
C. Estrosi a donc demandé l’interdiction de la manifestation. Une demande exaucée par la préfecture, qui a indiqué dans un communiqué qu’ « un tel attroupement présente des risques sérieux pour l’ordre public, les riverains et les passants, mais également pour les participants eux-mêmes ». Le préfet a également souligné que « la préparation des célébrations de la fête nationale à Nice ne permet pas aux forces de police d’encadrer des défilés spontanés dans des conditions normales de sécurité ».
Une décision similaire a été prise par la préfecture de la région Nord-Pas-de-Calais, qui souhaite ainsi « assurer la tranquillité et l’ordre public alors que sont organisés, sur le même lieu et à la même heure, le défilé et les cérémonies traditionnelles en l’honneur de la fête nationale ».
Forte mobilisation en France pour la cause palestinienne
Entre vendredi et dimanche, de nombreux rassemblements pro-palestiniens se sont tenus en France. Vendredi et samedi, plusieurs centaines de personnes ont défilé dans le centre de Nice, sans qu’aucun incident notable ne vienne perturber ces manifestations de soutien aux Palestiniens de Gaza. À Lille, Bordeaux et Marseille, où les plus gros rassemblements ont eu lieu, aucun acte de violence n’a été signalé.
Mais dimanche, à Paris, on a assisté à de véritables scènes de guérilla dans le quartier de la Bastille. Un journaliste de Slate.fr, présent au moment où la manifestation a dégénéré, décrit l’émeute. « J’ai vu les CRS pas loin d’être débordés, les militants tentant de les prendre à revers par le boulevard Voltaire, érigeant une barricade rue Popincourt, j’ai entendu les «Mort aux juifs» et autres vociférations. Et sans arrêt les «Allahou Akbar» repris en chœur », écrit-il. Selon le journaliste, les manifestants pro-palestiniens voulaient s’emparer de la synagogue de la rue de la Roquette.
Le Premier Ministre français, Manuel Valls, a fermement condamné ces débordements. « De tels actes qui visent des lieux de culte sont inadmissibles. La France ne tolérera jamais que l’on essaie par la violence des mots ou des actes d’importer sur son sol le conflit israélo-palestinien », a déclaré M. Valls.