Alors que la Tunisie demeure une destination prisée des touristes, en occupant la 29e place sur les 40 principales destinations touristiques au monde selon le classement de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), le pays lance actuellement des stratégies de développement visant à aider le secteur à s’adapter au marché international en rapide évolution.
La Tunisie est parvenue à séduire les touristes pendant des années en misant sur son image de destination bon marché. Le secteur du tourisme, qui emploie plus de 400 000 personnes, contribue à 6.5% du produit intérieur brut (PIB) et attire un montant important de devises étrangères à l’intérieur du pays. Toutefois, compte tenu de la forte compétitivité, le pays doit veiller à conserver son avantage sur ses concurrents afin d’assurer la viabilité du secteur.
Au cours des huit premiers mois de l’année 2010, plus d’un million de Français, 330 312 Allemands et 285 710 Italiens se sont rendus en Tunisie. La plus forte augmentation a été enregistrée parmi les touristes britanniques, scandinaves et russes, dont le nombre a accru respectivement de 28.9%, 30.5% et 46.3% par rapport à l’année dernière. En outre, le nombre de visiteurs en provenance des pays voisins au cours de l’été est resté relativement élevé, et ce, malgré le ramadan qui s’est tenu au mois d’août.
Les médias locaux ont dernièrement indiqué que le nombre des nuitées était passé de 27.28 millions en 2009 à 28.07 millions en 2010, et ont souligné que les recettes liées au tourisme avaient chuté de 18.5% au cours des huit premiers mois de l’année. En 2009, les recettes s’élevaient à 1.3 milliard d’euros, contre 1.1 milliard d’euros en 2010.
Conscient du besoin d’améliorer sa position et son image en tant que destination touristique, le gouvernement vient d’ordonner une étude stratégique sur les prospectives de croissance dans le secteur du tourisme d’ici 2016 auprès de Roland Berger International, un cabinet d’audit allemand.
L’étude, dont les résultats ont été publiés en octobre, a indiqué que le secteur du tourisme tunisien était mis au défi par des tendances récentes, dont le nouveau profil des consommateurs (qui en moyenne sont plus âgés), les progrès technologiques tels que les réservations électroniques et l’émergence de nouveaux types d’hébergement comme les hôtels-boutiques.
Les domaines auxquels le gouvernement doit accorder le plus d’attention sont la diversité et l’innovation, la publicité, la promotion et le marketing, le cadre législatif et le refinancement de l’industrie, a estimé le cabinet Roland Berger.
Selon les résultats de l’étude, la Tunisie devrait améliorer la diversité et la qualité de ses services touristiques, stimuler la demande et intensifier la compétitivité. Les auteurs de l’étude ont également recommandé la mise en place d’une structure commune pour les campagnes promotionnelles, qui l’an dernier ont coûté à la Tunisie 27 millions d’euros, contre 49 millions au Maroc et 82 millions à la Turquie.
Conformément aux recommandations selon lesquelles la Tunisie devrait miser sur la qualité, le gouvernement a commencé à moderniser l’infrastructure et à améliorer les centres de formation professionnelle. En outre, des nouvelles normes de classement des hôtels ont été adoptées. En 2010, après la tenue de 6 439 contrôles, 156 hôtels ont perdu une étoile et 16 autres en ont obtenu une supplémentaire. Les centres de formation hôtelière ont, quant à eux, été rénovés. Dans ces écoles, les programmes anticiperont les changements du secteur et leur gestion sera de plus en plus confiée à des professionnels du tourisme.
Selon le ministre Tlatli, la Tunisie projette de devenir « une destination capable de fournir une prestation plutôt haut de gamme, consommée par des visiteurs qui apprécient une offre culturelle que l’on trouve rarement à ce niveau dans les destinations concurrentes ».
L’étude stratégique met également l’emphase sur le besoin d’un meilleur marketing. A cet effet, M. Tlatli a insisté sur le besoin d’ « une promotion régionale » et d’ « une meilleure compréhension des marchés, afin d’élaborer un produit adapté à chaque marché ». Le gouvernement s’est penché sur le tourisme de l’environnement, du bien-être et du sport, dans la mesure où ces secteurs peuvent composer avec le caractère saisonnier du tourisme tunisien, qui s’étend de mai à octobre. Des efforts ont également été déployés par le gouvernement afin de donner un coup de fouet au tourisme dans la région du Sahara. Ainsi, deux lignes aériennes directes reliant Madrid et Milan à Tozeur, dans le sud-ouest du pays, ont été mises en service.
Entre-temps, le gouvernement restructurera l’Office national du tourisme tunisien (ONTT). Une direction de l’ONTT s’occupera de la promotion et du marketing, alors qu’une autre se spécialisera dans la formation professionnelle.
Selon les prévisions du ministère du Tourisme, ces réformes aideront le pays à accueillir 10 millions d touristes par année d’ici 2015. L’an dernier, plus de sept millions de visiteurs se sont rendus en Tunisie. Bien que l’objectif soit de taille, la Tunisie a de fortes chances de l’atteindre en misant sur son charme nord-africain et son raffinement européen.
Oxford Business Group