Tunisie: La Force Grandissante du Tourisme

Redaction

Le secteur du tourisme tunisien a cumulé une croissance modeste en 2009 et une récession galopante dans certains de ses marchés clés. Le pays cherche maintenant à bâtir sur son succès en diversifiant son offre et en développant le tourisme de luxe, afin de compléter son offre importante de tourisme de masse.

On s’attend à ce que les recettes du secteur du tourisme tunisien de 2009 augmentent de deux points de pourcentage, et ce, malgré le ralentissement économique mondial, a déclaré Kalil Lajimi, ministre du Tourisme, à la presse internationale. Il s’agit là de résultats impressionnants dans la mesure où ils suivent une année aux résultats exceptionnels. En effet, en 2008, les recettes du secteur ont battu des records en atteignant les 3.3 milliards de dinars tunisiens (1.74 milliard d’euros), et ce, grâce à la visite de 7 millions de visiteurs.

Si le nombre de visiteurs a baissé de deux points de pourcentage en 2009, les recettes découlant du tourisme ont atteint, elles, un total de 3.21 milliards de dirhams tunisiens (1.69 milliard d’euros) pendant les 11 premiers mois de 2009, soit 2 % de plus qu’à la même période l’année précédente. La croissance du secteur devrait constituer un coup de pouce pour l’ensemble de l’économie tunisienne, dans la mesure où le tourisme est non seulement le secteur qui rapporte le plus de devises, mais également celui qui contribue le plus au produit intérieur brut (PIB) après l’agriculture. Selon le gouvernement, le tourisme emploie 380 000 personnes directement et indirectement.

« Cette augmentation des recettes découlant du tourisme en dépit de la chute du nombre de touristes signifie que les dépenses des touristes ont augmenté », a souligné M. Lajimi. « Il s’agit d’un indicateur positif compte tenu de la crise mondiale », a-t-il ajouté.

L’augmentation des dépenses indique que la Tunisie progresse dans ses efforts visant à élever le secteur du tourisme dans la chaîne de valeur et à développer davantage les segments à rendement élevé. En effet, une des critiques que l’on a pendant longtemps formulée à l’égard de l’industrie du tourisme du pays consistait à dire que cette dernière dépendait trop du tourisme de masse à rendement faible, qui suit le modèle soleil, mer, sable.

Tout en gardant ses atouts de forfaits de vacances à prix relativement faibles, la Tunisie travaille surtout maintenant à développer ses attraits en tant que destination de luxe en diversifiant son offre touristique. Ce changement a entraîné une amélioration des normes relatives aux hôtels et aux services. En effet, les autorités se sont montrées prêtes à fermer les établissements qui ne respectaient pas les règles d’hygiène et ont pour objectif d’améliorer 200 hôtels cette année.

En même temps, on a mis en valeur certains créneaux à fort potentiel de croissance. Le tourisme à des fins médicales en est un exemple : le gouvernement voudrait faire de la Tunisie un exportateur net dans le domaine médical d’ici 2016. Ainsi, plusieurs petites villes et complexes touristiques mettent des centres médicaux et thérapeutiques au service des visiteurs étrangers. On estime que 250 000 d’entre eux sont venus en Tunisie en 2009 pour suivre un traitement (alors qu’ils n’étaient que 150 000 en 2008), attirés par la grande qualité des soins médicaux, des eaux thermales, du climat clément tout au long de l’année et des coûts relativement faibles.

Des étrangers sont venus de pays tels que le Royaume-Uni, la France, la Belgique et la Suisse pour subir des opérations comme celle des yeux, la greffe d’organes, le traitement des reins et du cœur et la chirurgie plastique. Le gouvernement voudrait maintenant attirer des patients d’encore plus loin, comme des Etats-Unis, du Golfe et de Chine. Il pousse également pour que 17 « cités de la santé » soient construites, des villes qui comprendraient des hôpitaux, des centres spécialisés, ainsi que des installations de recherche et développement visant à soutenir le développement touristique dans le milieu médical et dans le secteur de la santé au sens large.

La Tunisie voudrait également améliorer son image en tant que destination sportive de luxe et elle souhaite pour cela doubler le nombre de ses terrains de golf d’ici 2020. Selon le président de l’International Association of Golf Tour Operators (IAGTO), Peter Walton, le tourisme ayant pour objectif le golf est un « créneau prometteur parce qu’il s’agit d’une clientèle fortunée qui dépensera probablement plus. » M. Walton a expliqué à la presse internationale que l’infrastructure touristique tunisienne existante, le climat du pays et sa position géographique en font une destination idéale pour le golf. Le pays dispose de 10 terrains de golf dans des zones touristiques dont Djerba et Tozeur, et on aménage des terrains à Sousse et Hammamet. Il reste bien sûr le potentiel du tourisme culturel qui a toujours existé. En effet, de nombreux touristes ont visité les ruines de Carthage, le Musée du Bardo riche en mosaïques, la ville sainte de Kairouan, ainsi que le désert vierge.

Tout cela ne signifie pas que la Tunisie abandonne le soleil, la mer et le sable. Bien au contraire, cette formule demeure l’élément essentiel de son tourisme et la croissance des compagnies aériennes économiques dans la région devrait aider la Tunisie à rester une destination à prix compétitif. Par contre, il risque en effet d’être difficile d’atteindre l’objectif du gouvernement, qui est d’attirer 10 millions de touristes par année d’ici 2014, sans une croissance continue du tourisme de masse.

Oxford Business Group