Tunisie : laboratoire de la démocratie arabe ?

Redaction

Symbole du Printemps arabe, la Tunisie est au centre du mouvement révolutionnaire dans le monde arabe. Lancée par l’immolation de Mohamed  Bouazizi le 17 décembre 2010, la révolution tunisienne parvient à mettre un terme à un régime dirigé de main de fer par le couple Ben Ali – Trabelsi, Zine El-Abidine Ben Ali au pouvoir politique, et la famille de son épouse Leila Trabelsi, aux commandes des principales entreprises tunisiennes.

Sur fond de crise économique et sociale, les Tunisiens ont montré qu’ils pouvaient se rassembler sur des revendications communes, afin de bâtir un nouveau régime politique. Le 23 octobre 2011, les élections, libres et transparentes, installent le parti islamiste Ennahda comme majoritaire au sein de l’Assemblée constituante. On retrouve sur le devant de la scène politique tunisienne des démocrates comme Larbi Chouikha, Monia El Abed et Ghazi Ghraïri. Cette prolifération de nouveaux acteurs dans la scène politique entraîne une sorte de cacophonie, troublant les citoyens tunisiens. Le 12 décembre 2011, le démocrate et ancien exilé du régime, Moncef Marzouki, est élu président de la République, Hamadi Jebali du parti Ennahda devient son Premier Ministre. Reste à voir les futures actions et engagements politiques du parti islamiste, qui doit rassurer tant bien que mal, les investisseurs et acteurs politiques étrangers comme l’Union Européenne.

Sur le plan économique, la révolution tunisienne a entraîné une paralysie et ce, dans plusieurs secteurs. Le tourisme est naturellement touché de plein fouet, ses recettes diminuent de 33% alors qu’il représente 7% du PIB national. Le PIB recule d’1,85% tandis que 400 000 emplois sont perdus. Néanmoins, la révolution a permis d’enclencher une lutte efficace contre la corruption, fléau de la société tunisienne et estimée à environ 2 points de croissance. Ainsi pour permettre une relance de l’économie, une levée de fonds est nécessaire, ce qui est effectuée par des pays comme la Turquie, le Qatar ou encore le Japon. Reste à la Tunisie de revoir toute sa stratégie économique et à bâtir un régime politique stable. La Tunisie reste un laboratoire politique pour les partis islamistes, pour la première fois au pouvoir, dans un pays bâti sur des bases laïques fondamentales.

Ania Kaci Ouldlamara