Un rapport de l'Onu préconise d'interdire la vente d'organes

Redaction

Un accord international est nécessaire pour interdire le trafic d’organes humains, de tissus et de cellules, protéger les victimes et sanctionner les contrevenants, selon un rapport publié mardi par les Nations unies et le Conseil de l’Europe. La vente de parties du corps n’est pas simplement contraire à l’éthique, elle peut aussi déboucher, à la fois pour le donneur et pour le receveur, sur des risques plus importants pour la santé que des greffes volontaires et gratuites, lit-on dans ce rapport d’une centaine de pages. « Nous affirmons comme principe de base qu’aucun gain financier ne devrait être lié à l’obtention d’organes et de tissus pour des greffes », a déclaré Arthur Caplan, de l’Université de Pennsylvanie et l’un des auteurs du rapport, lors d’une conférence de presse. Malgré les propositions de créer un marché légal des greffes commerciales, il nous semble que l’échange de parties du corps contre de l’argent reste une situation d’exploitation des pauvr0es, que les gens n’ont pas le choix dans la quasi-totalité des pays du monde quand ils vendent un organe », a ajouté l’universitaire. Les données sur le trafic d’organes sont rares. Selon les estimations du rapport, entre 5% et 10% des 68.000 greffes de reins pratiquées chaque année dans le monde résultent de cette pratique.

« TOURISME DE GREFFE »

Le rapport met en lumière le « tourisme de greffe » quand les personnes des pays riches d’Europe occidentale, d’Amérique du Nord ou de certains pays d’Asie se rendent dans des pays pauvres, d’Afrique et d’Asie notamment, pour obtenir des organes. Une sorte de « forfait », comprenant le voyage et la procédure de greffe, peut coûter de 70.000 à 160 000 dollars, selon le rapport. En outre, l’essentiel de la somme aboutit dans la poche des professionnels et des intermédiaires plutôt que dans celle du donneur. Dans 58% à 86% des cas, la santé des vendeurs d’organes décline, selon diverses études, souligne le rapport. En ce qui concerne les receveurs, une étude sur les Canadiens ayant acheté des organes à l’étranger fait ressortir un taux de survie à trois ans de 60%, « nettement plus bas » que dans le cas de dons. Le Conseil de l’Europe, une organisation des droits de l’homme qui regroupe 47 pays européens, a déjà une convention contre le trafic d’organes, mais il n’y a pas de traité onusien, bien que l’Onu interdise le trafic d’organes en vue de greffes. Une résolution votée en 2004 par l’assemblée générale des Nations unies demandait aux Etats membres d’adopter des lois contre le trafic d’organes, mais, selon le rapport, rien n’a été fait dans de nombreux pays. L’étude présentée mardi appelle à « un instrument juridique international » pour définir le trafic et fixer « les mesures de prévention d’un tel trafic et protéger et aider les victimes, ainsi que les mesures pénales pour sanctionner les crimes. » Selon Carmen Prior, une des auteurs du rapport, les sanctions devraient viser d’abord les intermédiaires et le personnel médical.

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