Une femme violée convoquée par la justice tunisienne pour atteinte à la pudeur

Redaction

Une jeune femme violée le 3 septembre dernier par 2 agents des forces de l’ordre aurait été convoquée pour se présenter devant le juge d’instruction aujourd’hui mercredi 27 septembre, « pour outrage public à la pudeur ».

La justice tunisienne aurait convoqué la jeune fille pour outrage public à la pudeur / DR

La victime, convoquée pour outrage public à la pudeur, par la justice tunisienne devait se présenter pour confronter ses deux agresseurs, dénonce l’Université féministe Ilhem Marzouki, relevant de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD). Le fiancé de la jeune fille fait aussi l’objet d’une convocation.

Violée devant son fiancé

Le 3 septembre, alors qu’elle se trouvait avec son ami, trois policiers les ont surpris et les ont interpellé, jugeant qu’ils se trouvaient dans une «position immorale». Deux des agents ont alors violé la jeune femme pendant que le troisième retenait le fiancé menotté. Après cette affaire, les deux policiers ont été arrêtés et incarcérés pour viol.

Mais voilà que la victime risque à son tour la prison pour s’être affichée avec son fiancé. La justice lui reproche une atteinte à la pudeur. L’audience se déroulera le 2 octobre, la victime et son ami risquent jusqu’à 6 mois d’emprisonnement.

Une pétition pour soutenir la victime

L’ATFD, l’Association des femmes tunisiennes pour la recherche sur le développement, la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’homme (LTDH), le Conseil national pour les libertés et l’Association tunisienne contre la torture, ont toutes signé une pétition pour dénoncer cette procédure de justice, rapporte le site Businessnews.

Ces associations dénoncent « de tels comportements qui transforment une victime en accusée afin de la tenir responsable d’un crime qui a été commis contre elle et afin de la terroriser pour la dissuader de porter plainte et décourager ainsi les autres victimes de telles pratiques ».

Le ministère de l’Intérieur tunisien répond aux critiques

Le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Khaled Tarrouche, a affirmé à l’AFP que « son ministère n’avait rien à voir avec les poursuites engagées contre la jeune femme ». « Dans cette affaire, nous nous sommes comportés comme il fallait. Ce qui devait être fait a été fait, les 3 agents ont été arrêtés tout de suite », a-t-il indiqué.

Khaled Tarrouche ajoute que « le couple avait été retrouvé par les policiers dans une position immorale ». Il précise toutefois que « cela ne justifie pas le viol qui a suivi ».

A. B. S.

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