La guerre contre la Syrie se précise. Pardon, les frappes militaires contre la Syrie se précisent. C’est avec ces termes que la propagande médiatique nous vend cette guerre. Le langage et ces mystérieuses combinaisons offrent aux médias la possibilité de travestir la réalité. Le méchant devient monstrueux. Et la victime devient martyre.
De prime abord, rien d’anormal à signaler. L’exagération ou les euphémismes sont entrées dans les moeurs médiatiques. Mais lorsque la propagande commence lorsqu’on veut nous cacher les véritables raisons d’une décision politique. Et dans le cas de la Syrie, la démocratie, la lutte contre un régime vermoulu, dictatorial et criminel, ne sont malheureusement guère les véritables raisons qui motivent les puissances occidentales et les monarchies du Golfe, épaulés par leurs valets tels que le Maroc, la Jordanie et autres pays fantoches, à s’attaquer à la Syrie. Il n’y a pas de guerre sainte. Il n’y a pas de guerre juste. « Toute guerre est un manichéisme », disait un jour Jean-Paul Sartre. Il doit toujours y avoir un méchant et bon.
Le méchant, c’est tonton Bachar. Le bon, ce sont ces rebelles qui se battent pour un avenir meilleur. C’est la mythologie officielle. Et la vérité, où en est-on ? Pour répondre à cette question, il faudra se pencher sur les immenses projets gaziers du Qatar. Oui, ce petit pays est au coeur de la manigance. Le Qatar, l’un des fervents partisans de la guerre contre Damas, cache derrière lui des plans machiavéliques qui font faire de lui la première puissance gazière du monde si la Syrie sombre dans le désastre. Et pour cause, depuis 2009, le Qatar rêvait de construire un gazoduc « sunnite » qui rejoindrait le projet de gazoduc « Nabucco » en Turquie, projet débuté en 2003 sous l’influence américaine. La Syrie, quant à elle, Malgré un « accord de défense » signé avec le Qatar en 2010 mais très vite enterré, préfère se joindre au projet « de gazoduc chiite », l’Islamic Gas Pipeline, consolidant ainsi son alliance avec l’Iran et l’Irak post-Sadamm Hussein. Ce positionnement a menacé sérieusement les intérêts qataris.
Il n’y pas longtemps, David Rigoulet-Roze, chercheur rattaché à l’Institut d’Analyse Stratégique (IFAS), consultant en relations internationales et spécialiste du Moyen-orient, a fait savoir que « le problème du Qatar, c’est un champ de gaz commun avec l’Iran ». « Jusqu’à présent le Qatar exporte son gaz par méthanier, mais l’inconvénient des méthaniers c’est qu’ils transitent par le détroit d’Ormuz sous surveillance étroite de l’Iran. Ces incertitudes ont poussé le Qatar à chercher d’autres options, dont la voie terrestre, avec la formalisation d’un « pipe », à destination des européens, passant par le Nord et débouchant sur la Méditerranée. Mais les Russes ont eux aussi un projet concurrent, South stream, et qui déboucherait à proximité de la Turquie, en mer Noire », a expliqué cet expert dans un décryptage publié sur internet par la télévision TV5 Monde. Dans ce contexte, le Qatar n’a pas lésiné sur les moyens pour financer une rébellion à même de faire chuter le régime de Bachar Al-Assad, hostiles aux intérêts qataris dans la région. Une chute du dictateur syrien permettrait enfin au Qatar de réaliser ses rêves gaziers qui décupleraient sa puissance.
C’est donc celle-là la raison qui pousse le Qatar et ses alliés à accentuer la pression sur l’Occident pour bombarder Damas. La démocratie, le changement, les droits de l’homme, eux-mêmes bafoués par Doha sur son propre sol, ne sont que de la poudre aux yeux. Récemment, le journaliste algérien Noureddine Merdaci nous a apporté un précieux éclairage qui nous démontre que le gaz est le véritable enjeu de cette sale guerre. Dans un article publié par le mensuel Afrique Asie, notre confrère passe à la loupe le protocole de Doha, signé par la majorité des groupes de l’opposition syrienne en novembre 2012. Et ce protocole stipule bel et bien « la permission du passage du gazoduc qatari à destination de la Turquie puis de l’Europe ». Il s’agit ainsi d’un véritable pré-accord commercial sur l’énergie. L’accord est aussi explicite : on finance votre guerre et à la fin donnez notre gazoduc. C’est clair comme l’eau de roche. Pas la peine de pavoiser. Sauf qu’il faut être vraiment un esprit averti pour aller chercher ce qu’une propagande nous cache. Et cette démarche là n’est pas aisée pour le commun des mortels…