L’affaire Merah, la stigmatisation de l’islam et les 20% de Marine Le Pen au 1er tour des élections présidentielles en France, accréditent la thèse d’une crainte de l’Islam en Europe, et plus globalement en Occident. L’avocat Ardavan Amir Aslani revient sur le retour de l’islam politique et ses perceptions en Occident.
Sur la question de la perception de l’islam politique en France, Ardavan Amir-Aslani rappelle la fameuse thèse du Choc des civilisations de Samuel Huntington, relancée par les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.
Pour l’avocat, la personnification de l’islam par les Occidentaux se matérialise très vite avec des symboles comme le tchador, la burqa en France, les banlieues des grandes villes, le niqab, et tout ce qui est globalement, « à l’opposé de la tradition chrétienne européenne ».
« L’islam dans les pays occidentaux tout court, est personnifié par les attentats du 11 septembre, les talibans en Afghanistan, les exactions au Pakistan »
Du point de vue historique, Ardalan Amir-Aslani rappelle l’âge glorieux de l’islam du VIIIème siècle, puis la période de « décadence » et enfin, dès le XIXème siècle, la Nahda (Renaissance). Aujourd’hui la transformation de l’islam en islam plus radical, à tendance wahhabite, correspond pour lui, à une période de Moyen-Age. D’ailleurs, il souligne :
« L’islam a connu sa Renaissance avant son Moyen-Age, on est donc aujourd’hui très loin de l’islam de l’algèbre, de l’astronomie, de la géométrie »
Par conséquent, du fait de cette radicalisation de l’islam sunnite, souvent à l’extrême, l’avocat parisien évoque une personnification dans l’esprit occidental de l’islam comme rétrograde, notamment du fait de l’avilissement de la femme. Du fait de ces représentations dues à un islamisme wahhabite, pour la pensée occidentale aujourd’hui, l’islam représente une menace.
Pour l’avocat, ces tensions et cette représentation d’un islam radical est du au financement par les fonds des pétromonarchies du Golfe, de mouvements d’expansion et de dissémination du wahhabisme, doctrine sunnite appliquée notamment en Arabie Saoudite.
« Plus on s’éloigne du centre de l’islam, de La Mecque et Médine, et plus l’islam devient tolérant »
Cependant, avec l’influence des fonds de certains pays arabes, comme l’Arabie Saoudite et le Qatar, l’islam politique conserve largement une influence wahhabite même dans ces extrémités géographiques, en témoigne l’exemple du Pakistan. Néanmoins, au Brésil, où résident 20 millions de musulmans, l’islam est perçu de manière beaucoup plus tolérante au sein de la société, résultat d’un foyer d’immigrés syriens et libanais du XIXème siècle.
Ardalan Amir-Aslani montre donc comment le financement d’un islamisme sunnite radicale, le wahhabisme et son dérivé le salafisme, peuvent influencer la perception de l’islam dans la pensée occidentale, en soulignant une vision rétrograde qui ne correspond pas à l’époque d’ « Age d’or » de l’islam.
Ania K.Ould-Lamara