Diaspora : « Passer ses vacances en Algérie n’est pas une bonne affaire » Certes, mais…

Redaction

La saison estivale bat son plein. Une atmosphère festive règne un peu partout en Algérie, agrémentée de la forte présence de nos expatriés. Cette année, la communauté algérienne vivant à l’étranger est venue en masse passer ses vacances en Algérie. Reportage en Kabylie pour voir comment ces familles passent leurs congés dans leur pays d’origine.
Le grand rush des émigrés est perceptible déjà sur les routes qui serpentent dans les collines et les montagnes, reliant les villes et les villages atypiques de la Kabylie, et le phénomène se mesure au grand nombre de véhicules immatriculés à l’étranger, notamment en France. À Agraradj, un petit village situé au pied du mont Tamgout, dans la commune d’Aghribs, la petite communauté d’émigrés que compte le village n’a pas dérogé à la règle. Comme chaque été, ils viennent passer leurs vacances au bled. Une ambiance particulière flotte dans l’air.
«Mon bonheur ne peut être complet sans la présence de mon fils parmi nous. J’ai tant attendu sa venue ici. Mon chagrin a duré près de dix ans, mais maintenant, Dieu merci, mon calvaire est fini », raconte Nna Fatima. Mohand, le fils de cette sexagénaire, émigré à Paris depuis 2005, est revenu passer l’été avec les siens. Une joie indescriptible se lit sur leurs deux visages. «C’est vrai qu’on discute souvent au téléphone ou par Internet, mais c’est pas la même chose que d’être ici », confie le jeune homme. Celui-ci est accueilli avec une grande joie par tous les habitants d’Agraradj. «Ce ne sont pas les lieux touristiques qui manquent en Europe ou partout ailleurs. Mais on choisit de venir ici par attachement à nos origines, à notre culture, à notre terre » déclare Ahcene, lui aussi parisien originaire de ce petit village kabyle. Un constat partagé par la plupart de nos compatriotes vivant à l’étranger.
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« Je vais en Algérie pour me ressourcer, retrouver ma famille et passer de bons moments »
Pour une grande partie d’entre eux, la destination de l’Algérie n’est «ni touristique, ni attrayante». C’est davantage comme si un cordon ombilical liait nos compatriotes de l’étranger à leurs pays d’origine. Et les faisait revenir chaque été. C’est par exemple le cas de Noura, une jeune femme qui travaille comme hôtesse d’accueil à l’aéroport d’Orly, et qui vient très souvent passer ses vacances au bled. Elle a le choix entre aller chez ses parents à Souk El Thnine, ou à Boghni chez ses oncles. « Je vais en Algérie pour me ressourcer, retrouver ma famille et passer de bons moments dans une ambiance unique. J’y allais plus quand j’étais jeune, mais je trouve que c’est plus difficile pour nous depuis l’adoption du nouveau passeport. Et les prix sont maintenant exorbitants en été. Mais globalement ici je me sens plutôt bien. A part quand les regards se font trop insistants et qu’on se fait embêter dans la rue,» s’empresse d’ajouter la jeune femme.
Au programme pour elle, plus de repos que de visites « touristiques ». Des journées plage en famille, la tournée des oncles et tantes, et parfois un saut à Alger, Bejaïa ou Boghni (wilaya de Tizi-Ouzou) pour rendre visite à la famille un peu plus éloignée.
3 H de trajet pour se rendre à la plage
Khaled, jeune chercheur qui travaille depuis 1997 dans un centre de recherche à Séville (Espagne), abonde dans le même sens. Il est originaire d’Aït Enzar, un village adossé à une colline dans la commune d’Iferhounene, en Haute Kabylie. «Je retourne une fois par an en Algérie, généralement pour rendre visite à la famille. D’habitude je viens en été pour faire coïncider ma venue avec celle d’autres amis d’enfance qui vivent un peu partout à l’étranger. Cette année j’ai déjà passé 15 jours ici en mars, mais là ma sœur se marie et pas question de rater ça !»
Mais Khaled pointe rapidement un problème crucial : le manque de lieux de détente appropriés et l’état du littoral. Passer une journée à la plage est devenu tout un projet, avec 3 heures de trajet aller et la même distance à parcourir au retour, à cause de l’encombrement et du mauvais état des routes. Et selon lui, les plages sont particulièrement mal aménagées.
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«Passer ses vacances en Algérie n’est pas une bonne affaire»
«En Espagne, passer une après-midi à la plage est aussi simple que de prendre un café avec des amis ici», constate le jeune homme. «Choisir de passer ses vacances en Algérie n’est pas une bonne affaire comparé à d’autres destinations. Ni sur le plan économique, parce que les services et les produits sont chers, ni sur le plan « détente » car on a la sensation d’être épié par tout le monde», regrette-il
Avec la moitié de ce qu’il dépense pour venir en Algérie, Khaled assure qu’il pourrait se payer de belles vacances sur les côtes espagnoles, portugaises, françaises ou italiennes. Oui mais voilà, il a choisi de passer ses congés en Algérie et cela témoigne de la force du lien qui unit ce pays à ses émigrés. Une relation complexe, pleine de paradoxes. Mais un amour réciproque, à en croire l’accueil  chaleureux et festif réservé à la diaspora chaque été. «Chez nous, c’est une ambiance de fête qui règne pendant tout l’été!» s’exclame Ouarda, en visite à Azazga avec ses deux petits neveux originaire de la région parisienne. «On est si contents de les accueillir chez nous…qu’on a du mal à s’en séparer à chaque fois qu’ils repartent!»
Arezki IBERSIENE
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