Les salles de cinéma font peau neuve en Algérie

Redaction

L’Algérie tente, tant bien que mal d’investir dans la culture – et par conséquent dans le septième art. Alors que le festival du film d’Oran vient d’être lancé pour la septième édition, d’autres initiatives se poursuivent, lentement mais sûrement. Des salles de cinéma se rénovent un peu partout dans le pays, comme à Sidi-Bel-Abbès. Reportage. 

Sur les terres de l’Algérie indépendante, les bâtisses françaises demeurent. Parmi cet héritage colonial, les salles de cinéma sont nombreuses à travers le pays. Près de 350 salles se partagent tout le territoire. Les habitudes cinématographiques des Français ont imprégné l’Algérie et les Algériens. Les salles sont récupérées et la pratique cinématographique se perpétue.

Films hollywoodiens, cinéma égyptien et indien sont à l’honneur. Mais, la fin des années 1970 marque le déclin du septième art en Algérie. L’Etat suspend ses subventions. Distribution et productions nationales diminuent. Plus de quoi rêver… Seule la cinémathèque d’Alger survit à cette soudaine détérioration du patrimoine audiovisuel.

Les salles de cinéma sont désertes. Elles passent de main en main. Les baladiyat (départements) s’en séparent. Vendus à des particuliers, leurs fonctions originelles sont détournées et certaines se transforment en vidéothèque, ludothèque ou même fast-food où se vendent calentita et sandwichs.

A Sidi-Bel-Abbès, le cinéma est en chantier

A Sidi-Bel-Abbès, face à la Gouba, un vieux cinéma se rénove. Lancé il y a 8 mois, le chantier est ambitieux. Le projet du ministère également : Réhabiliter le cinéma en Algérie, dans toute sa globalité. Les salles, seul vecteur du septième art doivent être accessibles.

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Sur le chantier, les ouvriers s’activent pour monter les vitres, le carrelage, il est temps de finir la rénovation. Plus que deux mois. Les traces de l’ancien cinéma sont encore visibles et le style colonial reconnaissable : le mur de projection est arc-bouté et la salle est surplombée de deux tours et d’un balcon.

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La question du jour : la brillance des murs et l’éclairage tamisé. La salle avec le balcon peut contenir jusqu’à 600 places, explique le directeur du chantier. En dessous de la salle, une cave abrite les anciens appareils de projection de la salle, du matériel antique. Au premier étage, un café aux baies vitrées au dessus duquel loge la régie.

« A Sidi-Bel-Abbès, quatre salles sont récupérées », explique le directeur de la culture de la wilaya. « La cinémathèque Moksi déjà en exploitation, la salle Tessala et Âamarna encore en travaux toutes les deux et la salle Ifrigia est en projet d’étude pour 2014 ».

Même entrain dans les villes voisines. A Saida, deux salles sont récupérées : El Feth et Ain Elhedjar. A Tlemcen, une salle devenue cinémathèque est actuellement exploitée et à Oran, la salle « Maghreb » « Es senia » et la cinémathèque sont déjà ouvertes aux cinéphiles.

« Vulgariser l’activité cinématographique »

Le directeur de la culture regrette que le cinéma algérien ne soit plus ce qu’il était. « Nous avions des salles de haut standing, un grand public et les salles affichaient complet avec 2 à 3 projections par jour. Nous recevions des films du monde entier de Julietta à Apocalypse now… Le cinéma survivait tant qu’il était soutenu par l’Etat » poursuit-il.

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Relancer le cinéma coûte cher. La simple rénovation de la salle Tessala exige un coût de 70 millions de dinars. Une fois achevée, il faudra équiper la salle d’un matériel de projection numérique et former des techniciens. Une autre tâche qui incombe au ministère. Il existe aucune formation cinématographique technique dans le pays et le peu de cours théoriques sur le cinéma sont à peine reconnus.

« Mme Khalida Toumi a souhaité redynamiser tous les départements » explique le directeur de la culture de la wilaya de Sidi-Bel-Abbès. « Le cinéma est à l’état embryonnaire, pourtant, il devrait être l’occupation de tout le monde, et son appréhension passer par l’école et l’éducation. Il faut de nouveau vulgariser l’activité cinématographique » ajoute-il. Un projet ambitieux pour relancer une industrie artistique et culturelle à grand potentiel en Algérie, grand consommateur de l’audiovisuel étranger et arabe.

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