La sexualité en Algérie n’est pas uniquement un sujet tabou. C’est aussi, et surtout, un véritable problème de société. En 2013, les jeunes algériens sont toujours peu informés sur les méthodes de contraception et autres aspects techniques, ou non, de la sexualité. Et pourtant, on observe une remontée du recours à l’avortement clandestin et les mères célibataires sont de plus en plus nombreuses dans notre pays.
Les Algériens sont musulmans. Personne n’en doute. Mais les Algériens sont aussi des êtres humains. Et là aussi, personne ne peut douter de ces évidences. Et comme tous leurs congénères, les Algériens éprouvent des désirs, cherchent à assouvir des besoins et façonnent des fantasmes qu’ils rêvent de satisfaire. Oui, en 2013 encore, nous avons du mal à le reconnaître, mais les Algériens font l’amour avant le mariage et tentent de découvrir leur sexualité. Cette réalité dérange et perturbe. Les biens-pensants, conservateurs ou autres, jouent à cache-cache avec la vérité. Et au lieu de libérer la parole et de créer des espaces d’échanges où les interdits n’étouffent plus les esprits, on enferme la sexualité des Algériens dans les entrailles des non-dits et des sphères du mythe impénétrable. A l’école, dans les mosquées, dans les universités et dans nos familles, tout est imaginé pour nous faire croire que l’Algérien est un être asexué. Et pourtant, la sexualité n’a jamais cessé d’occuper une place importante dans la vie des Algériens. Passionnés par la vie, nos jeunes cultivent secrètement leurs envies, et leurs amours clandestines deviennent leur dernier refuge contre la frustration collective que leur impose la société.
Dans ce contexte explosif marqué par les privations et les brimades, la frustration se tourne rapidement vers les déviances. A ce propos, les psychologues et sociologues sont unanimes : la misère sexuelle des Algériens est un réservoir inépuisable d’ignorance et d’incompréhension qui nourrit les viols, le harcèlement sexuel et la pédophilie. Ce n’est guère un raccourci car dans un pays où le mariage est devenu un luxe, les relations entre l’homme et la femme se complexifient de jour en jour. Que faire alors ? Tirer la sonnette d’alarme ? Oui, mais cela ne suffit plus. Il y a vraiment urgence pour démocratiser l’éducation sexuelle en Algérie. Et cela ne signifie nullement qu’on doit faire des Algériens des êtres dévergondés. Loin s’en faut. Il faut juste informer, sensibiliser pour expliquer que désirer et aimer n’ont absolument rien avoir avec les caricatures inculquées à nos jeunes dans les cybercafés par la pornographie mercantile où la femme et l’homme sont réduits à de simples objets sexuels dénués de toute dignité.