Elle ne fait jamais le trottoir. Elle ne s’exhibe pas. Personne ne sait ce qu’elle fait. Ni voisin, ni cousin, ni ami ne se doute de la vie qu’elle mène. Une vie secrète, clandestine, où même sa véritable identité est dissimulée. La nuit, elle s’appelle Sihem, mais le jour son vrai nom est Yasmine. Inutile d’en savoir plus. Une call-girl, c’est d’abord une boule de mystères et une suite d’énigmes incompréhensibles pour le commun des mortels.
Oui, Call-Girl, vous avez bien entendu. Le mot est étrange en Algérie. Inconnue, cette forme de prostitution appelée communément prostitution de luxe commence à se développer dans notre pays. Pour s’en rendre compte, il suffit de sortir la nuit dans les discothèques huppées de la capitale, les restaurants et les salons de thé chics ainsi que les hôtels où des soirées et réceptions sont régulièrement organisées. On les voit quelques fois accompagnées, mais souvent seules au bar en train d’attendre un appel séducteur ou un hypothétique client qui acceptera de casser sa tirelire pour un inoubliable moment de jouissance.
Une riche clientèle en mal de compagnie
Il demeure toujours difficile de dire si les call-girls algériennes sont nombreuses. Mais une seule chose est sûre : elles sont de plus en plus visibles dans les établissements de luxe. De quoi satisfaire une riche clientèle en mal de compagnie. Hommes d’affaires infidèles, jeunes héritiers issus de familles riches, touristes étrangers de passage à Alger ou Oran, cadres expatriés célibataires employés dans les grandes multinationales installées en Algérie, les clients des call-grils sont issus d’horizons divers. Mais ils partagent tous la même caractéristique : leur portefeuille est plein à craquer. Et pour cause, les passes de luxe se monnayent entre 10.000 Da et 20.000 Da la soirée. A ces tarifs, peu de noctambules algériens peuvent s’offrir le luxe de fréquenter une call-girl. « Notre clientèle est sélective. Et c’est tant mieux ! C’est ce qui nous garantit la sécurité et la tranquillité. Un homme riche ne risque pas de nous faire du mal ou de nous menacer. Il a une fortune et une réputation à préserver. Il passe des moments agréables en ma compagnie, il me paie et il me quitte. L’aisance, la sérénité et l’élégance sont au rendez-vous. C’est pour cela que je persévère dans ce métier », confie Sihem, une belle femme brune élancée au corps qui dessine là où il passe des silhouettes sensuelles et attire les regards les plus concupiscents. Ses lèvres vermeilles, ses longues jambes mises en valeur par des jupes moulantes et des talons hauts, les petites fesses musclées et sa poitrine tentatrice composée d’une paire de seins au charme naturel font de Sihem un véritable mannequin, une égérie qui aurait pu inspirer les couturiers ou les poètes.
« Ils me paient parce qu’avec moi, ils oublient la grisaille de leur vie »
Avec ses yeux d’un vert si brillant, Sihem n’hésite jamais à lancer des regards tendres et provocateurs aux hommes qu’elle croise et qu’elle juge comme étant de potentiels clients. Les tabous et les non-dits n’ont pas lieu d’être avec elle. Pour séduire les hommes, elle sait se faire passer pour une psychologue. C’est, d’ailleurs, sa recette miracle. « Les hommes riches ne recherchent pas uniquement une femme avec laquelle ils veulent coucher. Ils sont d’abord en quête d’une femme qui les écoute, les soulage de leur mauvaise conscience », dit-elle telle une philosophe qui sait sonder les âmes. Son niveau d’instruction élevée, sa culture générale étonne et épate. « C’est sans doute pour cela que mes clients m’admirent. Je ne suis pas une prostituée ordinaire. Je suis une femme épanouie et émancipée. Ils ne me paient pas uniquement pour assouvir les désirs de chair. Pour cela, ils pourraient se contenter d’une simple prostituée. Ils me paient parce qu’avec moi, ils oublient la grisaille de leur vie », assure notre call-girl qui fait ce métier depuis bientôt 5 ans. Le Pacha Club, la Rose Bleue, les discothèques de l’hôtel Hilton ou du Sheraton, Sihem connaît parfaitement le monde de la nuit algéroise. Les adeptes de ce monde la connaissent aussi puisqu’ils l’aperçoivent chaque week-end dans les soirées organisées ici et là. Mondaine, oui, mais distante avec ceux qui ne correspondent pas aux profils de ses clients. « Je ne vise que les étrangers. Eux, ils paient en devises et ils sont respectueux de la femme. Nous passons la soirée ensemble, on garde un bon contact et ils deviennent mes clients réguliers. 200 euros ou 300 euros, pour ces hommes, c’est juste de l’argent de poche. En plus, je maîtrise très bien l’anglais, c’est un atout pour moi et une qualité qu’ils recherchent aussi », raconte notre interlocutrice tout en sirotant lascivement un verre de Whisky.
Diplômée en lettres anglaises, Sihem a décroché brillamment son diplôme à l’université d’Alger. Elle a même travaillé comme interprète dans une multinationale au sud du pays. Mais son pouvoir de séduction et son caractère de manipulatrice l’ont vite convaincue de choisir un autre métier. « Je voulais gagner mieux ma vie. Je pouvais gagner en trois jours le salaire de tout un mois. J’avoue que je suis une femme libertine. Je n’ai pas reçu d’éducation religieuse comme beaucoup de femmes algériennes. Alors j’ai connu beaucoup d’hommes notamment des étrangers qui ont travaillé en Algérie. Ils ont toujours été généreux avec moi. Alors pourquoi ne pas continuer à en profiter ? », indique Sihem qui jure qu’elle n’éprouve aucun remord. Sa vie, elle l’assume. De toute façon, elle ne partage guère les conventions qui régissent la société algérienne. La religion ? Elle se dit que c’est une affaire personnelle et privée. Mais restera-t-elle pour toujours une call-girl ? « Non, jamais. A en croire ses confessions, d’ici quelques temps, elle partira à l’étranger en compagnie d’un ressortissant américain qui est tombé follement amoureux d’elle après avoir été l’un de ses fidèles clients…