Les Algériens sont unanimes : la peine de mort doit-être rétablie dans les cas d’enlèvements d’enfants suivis d’assassinats. Le débat a fait rage ces derniers jours. Et les voix discordantes n’ont pas été nombreuses à se faire entendre tellement le consensus était général au niveau de la société civile.
Une pétition nationale a même été lancée sur la toile pour demander d’appliquer la peine de mort dans les affaires de viol et de meurtre. Cette initiative a vu le jour à la suite de la disparition de la petite Chaïma dont le sort tragique a bouleversé beaucoup d’Algériens. L’émotion nationale qu’a suscité cet infanticide a poussé également la Fondation nationale pour la promotion de la santé et du développement de la recherche (FOREM) a réclamer l’application de la peine de mort. « La peine de mort doit être rétablie et appliquée en Algérie dans les cas d’enlèvements, d’agressions sexuelles et d’assassinats d’enfants », avait confié, dimanche 23 décembre, le président de la FOREM, Mustapha Khiati lequel n’a pas manqué d’estimer que sa proposition trouverait de nombreux soutiens. « Nous sommes parmi les gens qui disent qu’en cas d’enlèvements d’enfants suivis d’agressions sexuelles et d’assassinats, la peine de mort doit être rétablie », a-t-il détaillé.
Ce débat houleux n’a pas laissé les magistrats algériens indifférents. Ces derniers ont brisé également le silence pour dire haut et fort qu’il est devenu aujourd’hui nécessaire de durcir les peines concernant les crimes visant les enfants notamment les enlèvements et les agressions sexuelles. Le président du Syndicat national des magistrats (SNM), Djamel Aidouni a reconnu à ce sujet que les peines requises contre les coupables des crimes perpétrés à l’encontre des enfants ne sont pas suffisamment dures. De son côté, le secrétaire général du SNM, Kamel Haimer n’y va pas par quatre chemins et considère, lui aussi, que la peine de mort » s’impose pour certains crimes graves liés aux enlèvements et assassinats d’enfants ». « Toute personne coupable de tels crimes doit être punie », estime-t-il également.
A signaler enfin que de nombreux défenseurs des droits de l’Homme ont observé le silence dans ce débat passionné. La Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDDH) ne s’est prononcée sur la question. Et pourtant, c’est cette commission qui a été chargée en novembre dernier par le Président Bouteflika d’entamer un programme national devant aboutir à l’abolition de la peine de mort dans la législation algérienne. Un programme qui a été mis sous l’éteignoir depuis l’avènement de cette terrible série d’enlèvements d’enfants. La CNCDDH devait étudier la possibilité de recourir à un « référendum » sur le débat entre les partisans de l’abolition et ceux qui appellent à son maintien. Une session spéciale pour l’abolition de la peine de mort a été même organisée récemment à Alger avec l’Organisation internationale pour la réforme pénale. Mais depuis, aucune proposition concrète n’a été formulée et les infanticides commis en série ces dernières semaines en Algérie ne semblent pas favoriser les partisans de l’abolition de la peine de mort. Rappelons enfin qu’en Algérie, la peine capitale n’est plus appliquée depuis 1993 et ce même si des jugements de condamnations à mort sont prononcées de temps à autres au niveau des tribunaux…