L’Algérie sait-elle encore protèger ses enfants ? (Audio)

Redaction

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Nos enfants sont-ils correctement protégés ? Cette question a été au cœur de tous les débats suite aux récentes disparitions d’enfants qui ont choqué et ému la société algérienne. L’enfant valeur pourtant sacrée de la famille algérienne n’a jamais été aussi vulnérable ! Pour quelles raisons ?

Le kidnapping de Chaïma  8 ans, l’assassinat de Soundous, une fillette de 6 ans… Ce sont malheureusement ces titres que l’on pouvait lire dans toute la presse ces dernières semaines. Les histoires dramatiques de ces petites filles sont malheureusement légion en Algérie où on recense pour l’année 2012, « 189 cas  d’enlèvements », d’après Abderrahmane Arar, le directeur du Réseau algérien pour la défense des droits de l’enfant (Nada). En revanche, près d’un millier de kidnappings d’enfants ont été recensés en 10 ans d’après la Forem ( la fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche). Pour M. Arar, ces cas sont de plus en plus nombreux, et la société algérienne en a conscience surtout à cause de la médiatisation et de la gravité de ces évènements. Mais au quotidien, les Algériens n’y font guère attention.

Audio – Les enlèvements en 2012 : Quels cas en Algérie ?

Bien heureusement tous les cas ne se terminent pas dans le sang mais il reste encore trop de cas d’enfants enlevés, abusés, tués. Des situations dramatiques que subissent beaucoup de familles algériennes. Pourquoi tant d’enlèvements ?

Perte de repères

L’enfant algérien devient-il une cible facile ? La question est légitime au vu du nombre d’enfants kidnappés et violentés. Pour le réseau Nada, un interlocuteur de premier plan pour les familles victimes de ces kidnappings, l’environnement violent dans lequel vit la société algérienne favorise ce genre de comportement illégal. Les kidnappeurs d’aujourd’hui, étaient de jeunes Algériens en détresse hier. « Leur détresse n’est pas prise en charge, ce qui explique que le public devient vulnérable », explique-t-on au réseau Nada. Les enfants algériens vivent dans la précarité et le nombre important d’enfants traînant dans la rue, non scolarisés, en est un parfait exemple. Ces enfants sont des victimes et deviendront plus tard les auteurs des violences perpétrées à l’encontre des autres enfants, analyse le directeur de Nada. Notre interlocuteur explique aussi que le passé violent de l’Algérie n’a pas favorisé l’instauration d’un climat de sécurité. Les résidus des années 90 perturbent encore l’équilibre de la société algérienne , d’après M. Arar.

Audio – Kidnappings  :  les facteurs

Ce manque de repères sociaux et moraux ont eu un impact direct sur la place de l’enfant et sa sécurité. Toujours primordial pour les ménages algériens, l’enfant et sa sécurité ont toutefois tendance à passer au second plan.

« L’enfant c’est sacré chez la famille algérienne. La loi algérienne a toujours été sévère par rapport à la protection de l’enfant. Mais, ces dernières années on vit des changements et des mutations. Et depuis, on trouve des relâchements et des faiblesses dans la protection de l’enfant. Elle ne devient pas une priorité. La priorité c’est la cherté de la vie, le logement, c’est le confort. On donne plus d’importance aux accessoires de vie qu’à l’enfant. Alors qu’au final, on veut tout ça pour l’enfant », relève encore M. Arar

Audio – L’enfant c’est sacré mais…

Remplacer le devoir moral par le devoir pénal

Pour le directeur de Nada, il y a clairement un travail à faire en amont car il ne faut pas attendre que le drame se produise pour se mobiliser. La protection de l’enfance est le travail de tous et de tous les jours. Pour ce faire, il estime que la protection sociale et judiciaire doivent connaître une mutation et surtout il faut inculquer la culture de signalement et de dénonciation par devoir moral. Une chose qui peut être possible seulement en modifiant la loi, et en empruntant la voie pénale pour faire de ces actions des devoirs. « La moralité est en train de se perdre. Qu’est ce qu’il reste ? C’est la loi qui reste, le seul repère c’est la loi. »

 la loi plutôt que la morale